Autoportrait de Léonard de Vinci, vers 1510-1515 (détail). / WWW.VIVOSCUOLA.IT

Lors de son retour au palais Farnèse le 16 février, une ­semaine après avoir été rappelé à Paris au plus fort de la querelle diplomatique, l’ambassadeur de France en Italie Christian Masset avait redit la­ volonté de vouloir travailler « sur tous les sujets avec l’Italie, y ­compris les sujets de désaccord ».

S’il est un dossier où le climat entre les deux pays vient de se réchauffer, c’est celui de la culture. Le maître Léonard de Vinci n’est en effet plus une pomme de discorde entre Rome et Paris. La hache de guerre a été enterrée à ­Milan, le 28 février, ville où Léonard vécut une vingtaine d’années en mettant son génie au service du duc Ludovic Sforza.

Venu dans la capitale lombarde à l’occasion de l’inauguration de la Triennale, le ministre français de la culture, Franck Riester, a rencontré son homologue italien, Alberto Bonisoli, pendant près de deux heures. Au cœur des discussions : le déblocage du « dossier Léonard », au point mort depuis plusieurs mois. Le contentieux franco-italien portait sur la question du prêt des œuvres du génie de la Renaissance en vue de la rétrospective au Louvre qui commémorera à l’automne les cinq cents ans de sa mort.

Le climat a radicalement changé

En novembre 2018, la sous-secrétaire à la culture Lucia Borgonzoni souhaitait remettre à plat l’accord de prêt signé en 2017 entre les deux pays. L’Italie s’était engagée à envoyer à Paris des chefs-d’œuvre du Toscan, en échange de quoi la France prêterait des peintures de Raphaël pour l’exposition qui lui sera consacrée aux Ecuries du Quirinal de Rome en 2020.

Pour la ministre membre de la Ligue (extrême droite), il était hors de question que les toiles du maître, « un très grand Italien », quittent les collections de la Péninsule. Une poussée de nationalisme culturel qui a provoqué l’embarras côté français.

Hormis « L’Adoration des Mages », trop fragile pour quitter le Musée des Offices, « L’Annonciation » pourrait faire le voyage depuis Florence

Mais le climat a radicalement changé si l’on en juge les propos du ministre de la culture italien, qui s’est dit « heureux que la France puisse célébrer le génie de Léonard », qui selon lui « est un patrimoine non seulement italien mais européen et universel ». Alberto Bonisoli a par ailleurs ­assuré que la liste des œuvres prêtées à Paris serait bientôt officielle, le temps de remobiliser les conservateurs des musées.

Hormis L’Adoration des Mages, trop fragile pour quitter le Musée des Offices, L’Annonciation pourrait faire le voyage depuis Florence, tout comme le célébrissime Homme de Vitruve, conservé à la Galerie de l’Académie de ­Venise, ou encore l’émouvante Ebouriffée, que l’on peut admirer à la Galerie nationale de Parme.

« La diplomatie de l’art, à la fin, a marché », s’est félicité le quotidien La Repubblica, rappelant qu’il s’agissait de la première rencontre interministérielle franco-italienne depuis le retour de l’ambassadeur à Rome. Les deux ministres ont affiché une volonté renouvelée de collaborer. Alberto Bonisoli a par ailleurs accepté l’invitation faite par son homologue au Salon du livre de Paris, qui aura lieu du 15 au 18 mars. Un salon dont l’Italie sera l’invitée d’honneur en 2021.