Cinq personnes ont été mises en examen, jeudi 24 janvier soir, pour des faits notamment d’enlèvement et de séquestration survenus à l’automne 2018 sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), a informé une source judiciaire.

Ils sont poursuivis pour « faits de violences aggravées avec interruption temporaire de travail (ITT) supérieure à 8 jours », « enlèvement et séquestration avec libération avant le 7e jour » et « association de malfaiteurs ».

Ces personnes sont soupçonnées d’avoir, le 5 octobre 2018, exercé des violences contre un autre zadiste. Ils l’auraient notamment frappé, l’auraient ensuite ligoté puis mis de force dans un véhicule avant de le déposer ensuite à l’extérieur de la zone à défendre, a-t-on précisé de même source.

Tous ont été mis en cause par la victime et la justice dispose d’éléments qui viennent corroborer ses accusations, a-t-on précisé. Selon des informations non confirmées de source judiciaire, la victime appartiendrait, contrairement à ses agresseurs, au clan considéré comme celui des « radicaux » sur la ZAD.

Une femme parmi les agresseurs

La procureure avait requis des mandats de dépôts pour les mis en examen, mais deux d’entre eux, dont la seule jeune femme du groupe, ont finalement été placées sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention (JLD). Les cinq personnes avaient été interpellées lundi et mardi.

Dans un communiqué, des « paysans et paysannes », ainsi que des soutiens des porteurs de projet sur la zone à défendre, appellent à leur remise en liberté et affirment que les accusés « étaient très impliqués dans les activités de la ZAD, la plupart sont de jeunes paysans en cours d’installation, signataires de Convention d’Occupation Précaire (COP) que nous accompagnons dans leurs démarches et dans la mise en place de leurs activités agricoles ».

« En tant que paysans et paysannes, nous sommes absolument scandalisés à l’idée que cette incarcération préventive puisse interrompre brutalement les parcours agricoles entamés et mettre en péril des fermes que nous venons tout juste de sauver après de longues années de lutte commune », poursuit le communiqué, selon lequel « L’Etat dit vouloir installer des jeunes paysans mais, en les incarcérant aujourd’hui, il casse cette dynamique ».

Soutien aux interpellés devant le palais de justice

Ces interpellations ont eu lieu sur la zone d’aménagement différé, rebaptisée « zone à défendre » par les opposants au projet d’aéroport qui devait être construit dans ce secteur rural situé au nord de Nantes.

En janvier 2018, le gouvernement avait décidé de mettre fin à ce projet, puis d’expulser au printemps les personnes installées sur place et qui refusaient de régulariser leur situation. Environ 150 personnes ont manifesté jeudi devant le palais de justice de Saint-Nazaire en soutien aux interpellés, a constaté une correspondante de l’Agence France-Presse.

Après les violentes évacuations du printemps, qui ont mobilisé environ 2 500 gendarmes, la situation est restée calme sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les voies de circulation qui avaient été bloquées par des opposants au projet d’aéroport ne sont plus entravées et les terrains où devait se construire l’infrastructure sont en train d’être rétrocédés aux propriétaires.

La ZAD de Notre-Dame-des-Landes continue de se chercher un avenir collectif