Aux Etats-Unis, la justice se mêle des faux abonnés sur les réseaux sociaux
Aux Etats-Unis, la justice se mêle des faux abonnés sur les réseaux sociaux
Le Monde.fr avec AFP
« C’est la première fois qu’un organisme chargé de faire respecter la loi pose comme illégal le fait de vendre du faux engagement sur les réseaux sociaux », s’est félicitée la procureure de New York.
Certaines entreprises vendent en masse de faux abonnés sur les réseaux sociaux. / QUENTIN HUGON / LE MONDE
Des sociétés qui vendaient de faux abonnés à des utilisateurs des réseaux sociaux se sont engagées auprès de la justice à ne plus recommencer, dans le cadre d’un accord à l’amiable qui pose pour la première fois l’illégalité de ce genre d’activités.
La société Devumi et trois autres sociétés dirigées par German Calas vendaient des faux abonnés et de faux « likes » à des utilisateurs de Twitter, YouTube, LinkedIn et SoundCloud, en utilisant des « bots » – des comptes générés par ordinateur – ou des comptes « personnels » générés en fait par une seule et même personne, a expliqué mercredi 30 janvier le bureau de la procureure de New York, Letitia James, dans un communiqué.
Ces faux comptes, qui permettent de doper artificiellement la popularité des utilisateurs qui y ont recours, « prolifèrent sur les réseaux sociaux », a déploré la procureure. « C’est la première fois qu’un organisme chargé de faire respecter la loi pose comme illégal le fait de vendre du faux engagement sur les réseaux sociaux », s’est-elle félicitée.
« Avec cet accord à l’amiable, nous envoyons le signal clair que tous ceux qui profitent de cette tromperie et usurpent des identités violent la loi et doivent rendre des comptes. »
15 millions de dollars de comptes et d’engagement
Le texte de l’accord à l’amiable passé entre les sociétés et le bureau du procureur, dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie, ne mentionne aucune sanction imposée à German Calas. Mais il donne de multiples détails sur le fonctionnement de ses sociétés, qui auraient vendu pour quelque 15 millions de dollars de comptes et d’engagement sur les réseaux sociaux entre 2015 et 2017.
Ces sociétés vendaient par exemple, pour 3 997 dollars, « des paquets d’abonnés », dont le nombre pouvait atteindre 500 000, sur Twitter. Un paquet de 100 abonnés sur YouTube se vendait, lui, 29 dollars. Des paquets de vues sur la plateforme de vidéo en ligne, très prisées par les artistes et les « influenceurs » étaient également commercialisés.
A l’heure où les réseaux sociaux sont omniprésents et où les abonnés se comptent souvent en millions, gonfler son nombre d’abonnés ou de vues est devenu très lucratif : un utilisateur de Twitter suivi par un million d’abonnés peut gagner 20 000 dollars ou plus en faisant de la publicité pour une marque.
L’annonce de cet accord à l’amiable avec les sociétés de M. Calas, qui ont toutes fermé courant 2018 après que l’enquête se soit ébruitée, intervient un an après la publication d’une enquête du New York Times sur Devumi. Interrogé par le journal, M. Calas avait alors rejeté toute accusation de vente de faux comptes.