L’attaquant Memphis Depay (au centre) est félicité par Nabil Fekir et Tanguy Ndombele après son but contre le PSG, à la 94e minute, qui offre la victoire à son équipe, le 21 janvier 2018. / JEFF PACHOUD / AFP

L’Olympique lyonnais (OL) est-il encore de taille à rivaliser avec le Paris-Saint-Germain (PSG) ? Sur un match, oui, à commencer peut-être par l’affiche de la 23e journée de Ligue 1, qui se jouera dimanche soir à guichets fermés au Parc OL. Sur une saison entière, non, le doute n’est même plus de rigueur tant cela paraît aujourd’hui impossible.

N’en déplaise à Maxwel Cornet, qui s’est montré légèrement grisé le week-end dernier par la série de deux victoires consécutives lyonnaises – « Si on peut même aller chercher la première place on va le faire, on est des compétiteurs » , au classement de la Ligue 1, Lyon est déjà relégué, loin derrière, à seize points, malgré deux matchs en plus.

Ces dernières saisons, pendant que les Parisiens accumulent les titres, les Lyonnais bataillent pour les places d’honneur. Dans ce contexte d’ultradomination parisienne, ils en sont réduits à accueillir la moindre victoire contre le club de la capitale comme un exploit.

Pour le président Jean-Michel Aulas, c’est une concurrence faussée qui est la principale explication à cet écart gigantesque entre les deux clubs. Dans son viseur, l’argent investi par le Qatar dans le club de la capitale.

« Trop d’argent tue la dynamique sportive, c’est contre-productif par rapport à l’éthique du sport. Quand il y a trop d’écart, c’est le jeu des entrepreneurs. Mais quand vous êtes subventionnés de manière aussi importante… », explique-t-il, avant d’asséner : « Je ne critique pas le PSG, je critique le Qatar. La subvention d’Etat qui est complètement anormale car disproportionnée par rapport aux règles d’équité. »

« On a besoin de concurrence »

Depuis l’arrivée de Bruno Génésio sur le banc des Gones, Lyon a toutefois réussi à faire tomber deux fois son rival, toujours à domicile : 2-1 la saison dernière et 2-1 également lors de la saison 2015-2016. Depuis la prise de pouvoir des Qataris à Paris en mai 2011, l’OL ne l’a emporté que trois fois en quinze rencontres. C’est toujours mieux que l’Olympe de Marseille (OM), qui n’a plus battu le PSG depuis novembre 2011.

Alors que l’on parlait il y a encore peu d’un « Big Four » à la française, force est de constater que la réalité est tout autre ; Monaco se traîne dans les limbes du classement, l’OM est en crise une saison sur deux et l’OL n’a plus gagné un titre depuis 2012. Une situation qui inquiète Jean-Michel Aulas.

« Pour vendre la Ligue 1 à l’étranger, il faut le modèle anglais ou espagnol. On a besoin de concurrence. J’admets que le PSG ait une très bonne équipe. Il y a toujours des meilleurs que soi. Il ne faut pas, par contre, qu’il y ait cet écart. Le PSG a 13 points d’avance avec deux matchs en retard (sur Lille, 2e). Vous vous rendez compte ? Cela pose un problème de lisibilité vu de l’extérieur. Il faut réduire les écarts. c’est du ressort de la Ligue, de la Fédération, j’y suis allé pour y mettre un peu d’ordre, mais aussi du ministère des sports. »

Malgré cela, les Gones ont déjà prouvé par le passé qu’ils étaient capables de faire chuter des équipes d’un niveau global supérieur. Cette fois-ci encore, ils seront des candidats crédibles pour infliger au PSG sa première défaite en championnat cette saison (dix-huit victoires et seulement deux nuls à Bordeaux et à Strasbourg).

Récupérer le statut de dauphin légitime

Si les Lyonnais ne sont jamais aussi à l’aise que lorsqu’ils affrontent des adversaires prestigieux, leurs matchs européens contre Manchester City le montrent (une victoire et un nul), ils sont condamnés à réaliser une performance de haute volée pour battre le croque-mitaine du football français.

L’OL n’aura cette fois-ci pas de souci pour trouver la motivation : en plus du prestige associé à une telle victoire, elle lui permettrait de ne pas se laisser distancer par Lille, actuel deuxième, et de récupérer au moins symboliquement son statut de dauphin légitime.

Pour cela, les meilleurs joueurs sont dans l’obligation de répondre présent : comme lors de la dernière réception du PSG au Parc OL, le 21 janvier 2018, Nabil Fekir devra peut-être briller sur un coup franc improbable et Memphis Depay encore faire basculer le match dans les arrêts de jeu d’une superbe frappe lointaine…

But Nabil FEKIR (2') / Olympique Lyonnais - Paris Saint-Germain (2-1) / 2017-18
Durée : 01:35

Goal Memphis DEPAY (90' +5) / Olympique Lyonnais - Paris Saint-Germain (2-1) / 2017-18
Durée : 01:45

D’autant que depuis la reprise en août 2018, les hommes de l’entraîneur allemand Thomas Tuchel n’ont connu que deux fois la défaite : le 18 septembre à Liverpool en Ligue des champions (3-2) et, plus surprenant, le 9 janvier, en quarts de finale de Coupe de la Ligue contre Guingamp (2-1).

Dix jours avant de se déplacer à Manchester, en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions, les Parisiens devront quand même faire sans trois de leurs joueurs majeurs : le Brésilien Neymar (blessé), l’Italien Marco Verratti (blessé) et le Français Adrien Rabiot (écarté de l’équipe première). Mais avec Kylian Mbappé, Edinson Cavani ou encore le nouveau venu Leandro Paredes, les coéquipiers du capitaine Thiago Silva restent impressionnants.

Seulement trois défaites à domicile depuis vingt ans

Pour l’homme fort du club rhodanien, Jean-Michel Aulas, la rencontre de dimanche est d’une importance capitale pour la fin de saison lyonnaise. « Dimanche, cela ira encore plus loin que lutter pour la deuxième place ou représenter un modèle alternatif. On joue le PSG à un moment où il n’est pas encore champion mais, dans trois ou quatre journées, soit quinze avant la fin, il va l’être, regrette-t-il. Et il va rencontrer nos adversaires pour la deuxième place. C’est double peine. Non seulement on ne peut pas lutter pour la première place et donc on se prive d’une possibilité. Mais que dire de la régularité du championnat français, à partir du moment où le champion a vingt-cinq ou trente points d’avance… »

Pour se rassurer, Lyon peut s’appuyer sur les statistiques de ses dernières confrontations avec le PSG. Depuis vingt ans, Lyon ne s’est incliné que trois fois en dix-neuf rencontres sur sa pelouse.

En revanche, au Parc des Princes, même avant l’arrivée des nouveaux propriétaires, le bilan est impitoyable. L’OL n’a plus gagné à Paris depuis 2007, soit une douloureuse série de douze défaites et deux matchs nuls. La dernière en date a des allures de déroute : le 7 octobre dernier, les Lyonnais avaient été balayés 5 à 0.

Avant d’affronter le FC Barcelone, en huitièmes de finale de la Ligue des champions (19 février et 13 mars), une nouvelle correction, à la maison, ferait mauvais genre. Deux ans après l’inauguration de son stade, censé lui permettre de concurrencer les grands clubs, l’OL rêve de retrouver un statut européen plus conforme avec sa belle période des années 2000. Réduire le fossé qui le sépare du PSG en France serait un bon début.