Les marchés de la peur
Les marchés de la peur
LE MONDE ARGENT
Guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, Brexit, « gilets jaunes », fin de l’assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne, remontée des taux de la Réserve fédérale américaine sont autant de raisons pour les investisseurs de prendre peur.
Il est possible d’investir en Bourse, même dans un contexte incertain. / GRAHAM YARRINGTON
Il ne faudrait pas trop désespérer l’épargnant, mais l’année 2019 s’annonce compliquée pour lui. Plus que jamais, la martingale n’existe pas. Aucun placement ne paraît être en mesure d’en supplanter un autre dans les prochains mois.
La pierre reste la valeur refuge préférée des Français. Cependant, elle se paye chère dans les grandes agglomérations et les zones prisées, sans compter que les gros patrimoines subissent désormais l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Les opérations dans ce secteur peuvent néanmoins s’avérer attractives si l’on emprunte, le coût de l’argent restant faible.
S’ils font le bonheur des emprunteurs, les taux d’intérêt ne font pas ceux des épargnants. L’assurance-vie, placement préféré des Français, voit le rendement de ses contrats en euros s’effriter d’année en année. Les placements de trésorerie ne sont pas non plus à la fête : inflation déduite, ils produisent des rendements négatifs.
Les fonds obligataires qui, par le passé, pouvaient servir de refuge lors des tempêtes boursières, sont à la peine. Seuls ceux qui investissent sur les « High Yield », les titres émis par les entreprises dont la santé financière est fragile, pourraient procurer un rendement supérieur à celui de l’inflation. « Le risque est rémunéré », estime Olivier Guillou, directeur de la gestion chez Ecofi. SAns doute, mais ces produits sont bel et bien risqués.
Montagnes russes
Du côté de la Bourse, les investisseurs ont vécu comme sur des montagnes russes. Après une fin 2018 catastrophique, les cours sont globalement repartis à la hausse en 2019. Un rebond qui s’explique davantage par les exagérations des marchés à la fin de l’année dernière que par un horizon plus dégagé.
Guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, conditions de Brexit, « gilets jaunes » en France, fin de l’assouplissement quantitatif mené par la Banque centrale européenne, remontée des taux de la Réserve fédérale américaine ont été autant de raisons pour les investisseurs de prendre peur. Aujourd’hui, aucune récession économique ne semble se profiler à court terme et les bénéfices attendus des entreprises restent bien orientés, cependant les craintes perdurent.
En 2019, toute mauvaise nouvelle – ou bonne nouvelle – provoquera des réactions brutales. Ce n’est pas une raison de ne pas investir en Bourse. En dix ans,le nombre de Français détenant des actions a été quasiment divisé par deux. Echaudés par la crise de 2008, ils se sont réfugiés vers des placements estampillés plus sûrs. Et quand ils ont commencé à s’intéresser aux marchés, ils ont subi la dégringolade de la fin 2018.
Pourtant, comme le rappellent François de Saint-Pierre et Sophie de Nadaillac, associés gérants chez Lazard Frères Gestion, « le plus grand risque est celui de n’en prendre aucun ». A condition d’appliquer certains principes simples, il est possible d’investir en Bourse, même dans un contexte incertain.