WhatsApp compte plus de 200 millions d’utilisateurs en Inde. / DADO RUVIC / REUTERS

Il n’y a pas que sur Facebook que les fausses informations peuvent prospérer. Elles se diffusent aussi très largement sur la messagerie WhatsApp – qui appartient à Facebook. Celle-ci compte pas moins de 1,5 milliard d’utilisateurs dans le monde, dont plus de 200 millions en Inde, son principal marché. Ce n’est donc pas un hasard si c’est à New Delhi, la capitale du pays, que WhatsApp a tenu mercredi 6 février une conférence de presse, en amont des élections générales, qui se tiendront en avril et mai prochain en Inde.

Les équipes de WhatsApp ont voulu montrer pour l’occasion qu’elles prenaient très au sérieux la question des faux comptes et des fausses informations. Elles ont annoncé qu’elles supprimaient en moyenne 2 millions de comptes douteux chaque mois.

Envois automatisés

Les messages échangés sur l’application étant chiffrés de bout en bout, WhatsApp n’est pas en mesure de connaître leur contenu et de repérer les messages problématiques (spam, appels à la violence, etc.). C’est donc aux comptes en tant que tels qu’elle doit s’attaquer, en identifiant ceux qui ne respectent pas ses règles d’utilisation en fonction de leurs activités (nombre de messages envoyés, rythmes d’envoi, numéro de téléphone utilisé pour créer le compte…).

Pour détecter les comptes problématiques, Whatsapp a expliqué avoir créé un programme informatique capable de détecter l’envoi de messages en masse ou la création de multiples comptes. Les comptes qui envoient de très nombreux messages dès leur création, ou ceux dont le statut sur Whatsapp n’indique jamais qu’il est « En train d’écrire » sont aussi considérés comme suspects, car très susceptibles d’être automatisés.

WhatsApp assure que parmi les 2 millions de comptes supprimés chaque mois, 20 % le sont au moment de leur création, et 75 % seraient des comptes automatisés. Certaines personnes, utilisant WhatsApp pour « spammer » ses utilisateurs, notamment avec des messages trompeurs, utilisent des logiciels leur permettant de gérer plusieurs comptes à la fois à partir d’un même ordinateur, et d’automatiser la diffusion de messages. Ensuite, les messages se diffusent de façon « organique » : souvent sensationnels, ces messages sont rediffusés par une partie des personnes qui les reçoivent, sans se douter qu’ils font partie d’une campagne de désinformation.

Des lynchages en Inde

WhatsApp s’était attiré de nombreux reproches en 2018, notamment en Inde, ou de fausses informations sur des kidnappings d’enfants ont mené à des émeutes et des lynchages. L’application a aussi servi, lors de la campagne présidentielle brésilienne, de vecteur à la transmission de fausses informations – le Brésil est le deuxième marché de WhatsApp.

Face à ces phénomènes, l’application WhatsApp a été accusée d’inaction, et a fini par annoncer plusieurs mesures, comme la limitation du nombre de destinataires à qui il est possible de transférer un message. Depuis, elle ne cesse de répéter que, contrairement à Facebook, elle se veut une messagerie privée, conçue pour discuter en petits cercles, avec ses proches, et non pas pour diffuser massivement des informations. Mais beaucoup d’utilisateurs en ont décidé autrement, pour diffuser des infox ou non. En Inde, comme l’a démontré une enquête du Time, les partis politiques s’en servent ainsi abondamment pour leur communication depuis quelques mois, en créant d’innombrables groupes WhatsApp réunissant des électeurs en fonction de leurs données démographiques, afin de leur envoyer des messages de propagande ciblés.