Série Club, samedi 9 février à 23 h 30, série

Selon le numéro de la revue Télévision n° 7 (CNRS Editions, 2016), American Horror Story (AHS) proposerait « la forme inédite et contradictoire d’une anthologie narrativement feuilletonnante (…), une histoire fragmentée en épisodes qui se suivent, fondée sur une dilatation et un étirement diégétiques ». Nul besoin d’un volume du type « La Logorrhée pour les nuls » pour traduire ces propos abusivement jargonnants : comme le sait chacun des aficionados de cette « hantologie » (le CNRS use d’un jeu de mots un peu… usé), il s’agit d’une série avec, chaque saison, une thématique nouvelle, jouée par un groupe d’acteurs récurrents distribués dans des rôles différents.

Ainsi retrouve-t-on, par exemple, Kathy Bates, cette fois en inquiétante taulière de l’hôtel Cortez de Los Angeles (inspiré par le Cecil Hotel, à la macabre réputation) dont on comprend vite que les deux jeunes touristes suédoises qui s’y présentent n’auraient jamais dû y réserver une chambre.

Car l’établissement est un lieu de perdition, une grande boutique des horreurs, dont les « miracles de l’ingénierie » macabre rappellent les rouages de Sweeney Todd (1979), la comédie musicale de Stephen Sondheim, portée à l’écran en 2007 par Tim Burton.

Kathy Bates dans la série « American Horror Story ». / TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION / FOX AND ITS RELATED ENTITIES / ALL RIGHTS RESERVED

Lady Gaga en guest star

Il y coule des flots d’hémoglobine, au fil d’horrifiques situations érotico-sadiques et pansexuelles filmées avec un soin hypersophistiqué. Ce qui n’empêche pas des traits d’humour noir et des références excentriques à la culture populaire d’aujourd’hui (de House of Cards à Patti Smith, en passant par Kendall Jenner).

L’événement le plus attendu, au moment de la présentation de la saison sur la chaîne FX, aux Etats-Unis, était la présence de Lady Gaga, dans le rôle d’une comtesse vampirique à l’impérissable jeunesse (on pense à la comtesse hongroise Elisabeth Bathory, qui, selon la légende, se baignait dans le sang de jeunes filles assassinées).

La chanteuse s’était révélée être une actrice glaçante, sorte de Christopher Lee en voilette et lingerie fine, qui apparaît en maintes scènes dans le – presque – plus simple appareil. Et n’avait donc pas volé son Golden Globe, en 2016, de « meilleure ­actrice dans une minisérie ou un téléfilm ».

Lire la critique de la saison 8  : Une fin du monde en épisode inaugural

American Horror Story, saison 5 : « Hotel », de Ryan Murphy et Brad Falchuk (EU, 2015, 12 × 60 min).