Enquête sur les tweets injurieux reçus par Cécile Duflot après son témoignage dans le procès Baupin
Enquête sur les tweets injurieux reçus par Cécile Duflot après son témoignage dans le procès Baupin
Depuis le début de cette affaire, Twitter a supprimé dix-huit des vingt comptes concernés, après leur signalement.
L’ancienne ministre du logement Cécile Duflot, aujourd’hui directrice générale d’Oxfam France, a porté plainte après avoir reçu une série de messages injurieux sur Twitter. Ancienne figure d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Cécile Duflot a reçu, ces derniers jours et à intervalles réguliers, une vingtaine de copies d’un même tweet grossier et injurieux, faisant allusion à son témoignage dans le procès Baupin, dans lequel elle était un témoin-clé. Son avocat, Tewfik Bouzenoune, a annoncé lundi 11 février avoir déposé une plainte pour « identifier l’auteur d’un harcèlement concerté », mené selon lui « par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l’instigation de l’une d’elles ».
Qui a publié ces messages ?
Chacun des messages sur Twitter a été publié par un compte différent. Certains des comptes identifiés avaient auparavant été utilisés pour interpeller d’autres personnalités françaises, dont Sophia Chikirou, qui a travaillé pour la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, la journaliste Audrey Pulvar, le groupe de rap PNL ou la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa. Ils publiaient aussi de nombreux messages dans d’autres langues, dont le grec.
L’analyse des comptes en question, postée par le chercheur Damien Liccia, montre que ces derniers n’étaient vraisemblablement pas des comptes d’utilisateurs classiques, mais faisaient plutôt partie d’un réseau utilisé pour des campagnes coordonnées d’astroturfing : une pratique consistant à faire croire qu’un phénomène en ligne est spontané, alors qu’il est le résultat d’actions d’un petit groupe. Le comportement des comptes ayant posté ces messages outranciers à Cécile Duflot est assez typique de ceux appartenant à un réseau auprès duquel il est possible d’acheter des messages ou des « Like ».
Est-il compliqué d’utiliser ce type de services ?
Non. De nombreux sites proposent ce type de services, théoriquement interdits sur Twitter, pour un coût qui varie entre quelques euros et quelques centaines d’euros, en fonction du nombre de messages.
Le ou les auteurs des messages peuvent-ils être retrouvés ?
C’est tout à fait possible, mais incertain. La plainte déposée en France devrait conduire à l’ouverture d’une enquête, permettant aux enquêteurs de demander à Twitter de leur fournir toutes les données en sa possession concernant ces comptes. Il sera alors théoriquement possible de remonter jusqu’aux personnes qui les contrôlaient, mais pas forcément aux personnes qui ont décidé de la publication des messages ; si le contrôleur des comptes est situé à l’étranger, il peut être difficile de le contraindre à révéler l’identité du ou des auteurs.
Que fait Twitter ?
Depuis le début de cette affaire, Twitter a supprimé dix-huit des vingt comptes concernés, après leur signalement. Alors que le réseau social a été critiqué à de multiples reprises ces dernières années pour son manque de modération, Twitter a engagé une opération de lutte contre les « faux comptes », qui a abouti depuis un an à la suppression de millions d’entre eux. Ce ménage a notamment commencé après l’élection présidentielle américaine de 2016, durant laquelle de faux comptes avaient été massivement utilisés par les services de propagande russe et des militants néoconservateurs américains. Mais le réseau continue de compter un très grand nombre de faux comptes, en raison notamment de la facilité avec laquelle on peut s’y inscrire – même si Twitter a tenté de rendre plus complexe la création de « bots » malveillants.