« Verdict : j’ai perdu mon œil. » Jérôme Rodrigues a annoncé, mercredi 13 février, sur son compte Facebook, avoir définitivement perdu l’usage de son œil droit. Blessé lors d’une manifestation le 26 janvier, ce « gilet jaune » de la première heure, connu notamment pour filmer et diffuser les manifestations sur Facebook, est devenu un emblème du combat contre les violences policières. Dans son court message, Jérôme Rodrigues ajoute à l’adresse du président Emmanuel Macron : « La justice te le fera payer » et « je lâcherai pas ».

Contacté par Franceinfo, Jérôme Rodrigues a expliqué qu’il sortait d’une consultation chez le médecin. « On m’a dit que je ne verrai plus, c’est fini. Il n’y a plus rien à faire », a-t-il indiqué. Le « gilet jaune » va désormais se tourner vers une équipe de spécialistes pour tenter de conserver son œil et éviter qu’il ne lui soit retiré. A l’image de ce qu’il a écrit sur Facebook, Jérôme Rodrigues ajoute également que le « combat continue et qu’on ne s’arrêtera pas. Macron payera pour tout ça ».

Sa grosse barbe et son chapeau l’avaient rendu célèbre parmi les « gilets jaunes », son œil bandé l’a transformé en « symbole ». L’origine de sa blessure fait polémique. Cet ancien commerçant de 39 ans affirme que cette blessure a été occasionnée par un tir de lanceur de balle de défense (LBD).

Onze morts et au moins 1 700 blessés chez les manifestants

La police nationale a reconnu le 30 janvier qu’un de ses membres avait bien fait usage de son arme dite de « force intermédiaire » au moment où Jérôme Rodrigues s’est effondré le 26 janvier place de la Bastille à Paris, gravement touché à l’œil. Même si les forces de l’ordre continuent d’affirmer que ce n’est pas un projectile de LBD qui a blessé le manifestant, mais plutôt un éclat de grenade de désencerclement, cette nouvelle version vient contredire celle que défendait la Place Beauvau. « Je n’ai aucun élément qui me permet de dire qu’il y a eu un usage d’un LBD qui aurait touché Jérôme Rodrigues », avait expliqué Laurent Nuñez, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, le 27 janvier sur LCI, affirmant que tous les tirs avaient été filmés.

Depuis le 17 novembre, les manifestations et violences autour du mouvement des « gilets jaunes » ont fait onze morts, pour la plupart lors d’accidents à des barrages, et au moins 1 700 blessés chez les manifestants et un millier du côté des forces de l’ordre, selon le décompte relayé par l’Agence France-Presse.