Renault renonce à verser certaines indemnités à son ex-patron Carlos Ghosn
Renault renonce à verser certaines indemnités à son ex-patron Carlos Ghosn
Le Monde.fr avec AFP
Le conseil d’administration a annoncé que l’ex-patron, actuellement en prison au Japon, ne toucherait ni indemnité de non-concurrence ni rémunération en actions.
Le conseil d’administration de Renault a annoncé, mercredi 13 février, qu’il renonçait à verser à Carlos Ghosn une indemnité de non-concurrence « égale à deux ans de rémunération fixe et variable ».
Cette clause, qui interdirait à M. Ghosn de travailler pour un concurrent pendant une période de deux ans, représente environ quatre millions d’euros, selon des estimations du cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest.
L’ancien patron, actuellement détenu au Japon, ne pourra pas bénéficier non plus des actions attribuées entre 2015 et 2018 en tant que PDG, car la « condition de présence au sein de Renault (…) n’est pas remplie », souligne le conseil dans un communiqué.
Une perte estimée à 21, 6 millions d’euros
Ces actions comprennent « une rémunération variable pour les exercices 2014 à 2017 », ainsi que « des plans d’attribution d’actions de performance pour les années 2015 à 2018 », a détaillé le constructeur automobile.
De 2015 à 2017, Renault attribuait chaque année 100 000 actions de l’entreprise à M. Ghosn, qu’il pouvait percevoir quatre ans plus tard, avec toutefois une condition de présence dans l’entreprise et une condition de performance en tant que dirigeant. Sur l’année 2018, le groupe lui a attribué 80 000 actions. La perte de l’ensemble de ces droits atteint environ 21,6 millions d’euros au cours actuel de l’action (environ 57 euros), selon les estimations de Proxinvest.
Fin janvier, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait déclaré qu’il serait « très vigilant » sur le montant des indemnités de départ de Carlos Ghosn : « Personne ne comprendrait [qu’elles] soient exorbitantes. » « Je ne m’en laisserai pas compter par les autres actionnaires de Renault sur ce sujet », avait-il ajouté, l’Etat détenant 15 % du capital du constructeur et quelque 22 % des droits de vote en assemblée générale.
Carlos Ghosn change d’avocat
Sur le côté judiciaire, le principal avocat de Carlos Ghosn, Motonari Otsuru, a annoncé mercredi qu’il avait présenté sa démission. Aucune raison n’a été fournie pour expliquer cette décision, qui intervient alors qu’une première réunion était prévue jeudi entre avocats, juges et procureurs pour préparer le procès.
M. Otsuru a-t-il démissionné ou a-t-il été limogé, car sa défense ne semblait pas porter ses fruits ? M. Ghosn et son entourage s’interrogeaient, en tout cas, sur la stratégie de ses avocats.
Dans un communiqué transmis par ses proches, M. Ghosn a précisé qu’il engageait un nouveau conseil – Junichiro Hironaka – pour cette nouvelle étape dans la procédure, celle du procès. « Je souhaite me défendre vigoureusement (…) non seulement pour établir mon innocence, mais aussi pour mettre en lumière les circonstances qui ont conduit à ma détention inique », écrit-il offensif.
Notre sélection d’articles pour comprendre l’affaire Carlos Ghosn
Retrouvez les contenus de référence du Monde traitant de l’affaire Carlos Ghosn :
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- Quatre questions sur la détention de Carlos Ghosn, notre article sur le système de détention au Japon
- Les arguments de la défense en trois points, notre article sur la « version » de l’ancien président de Nissan
- Carlos Ghosn : l’ambition, l’argent et la gloire, jusqu’à la démesure, le portrait du président de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
- « Carlos Ghosn était la clé de voûte de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi », par notre journaliste Eric Béziat, chargé du secteur automobile