Matthieu Chedid, groupe de musique à lui tout seul
Matthieu Chedid, groupe de musique à lui tout seul
Par Sylvain Siclier
Le chanteur joue à guichets fermés à Paris jusqu’au 22 février puis part en tournée de mars à décembre.
Sa carrière a débuté au milieu des années 1990 et sa discographie compte une quinzaine de références, enregistrements en studio, en concert, collaborations. Autant dire que Matthieu Chedid, dit -M-, pourrait se reposer pour sa nouvelle tournée sur une poignée d’extraits de son album commercialisé le 25 janvier, Lettre infinie, et donner à ses fans leur content d’anciens succès – il en a beaucoup –, dont ils connaissent les moindres paroles. C’est ainsi que procèdent généralement les vedettes au parcours déjà bien établi.
-M-, lui, a manifestement à cœur de faire vivre sur scène ses nouveautés, avec la quasi-totalité des chansons de Lettre infinie (dont celle portant ce nom) au programme de sa tournée. Celle-ci a débuté le 8 février au Cirque d’hiver-Bougliogne, à Paris (à guichets fermés jusqu’au 22 février) et se poursuivra de mars à décembre dans la plupart des grandes salles de France. Partout, des mois avant la parution de l’album, les ventes de billets ont confirmé que le public de -M- lui est fidèle.
-M- Lettre infinie (Audio)
Durée : 03:09
Et le voilà qui franchit la piste, où est installé un ensemble de pédales d’effets, de déclencheurs de boucles musicales, d’échantillonneurs, un clavier. Premier titre, Une seule corde, à la guitare acoustique. -M- est seul, et le restera presque toute la soirée. Sa fille Billie, 16 ans, pour chanter en duo, et le trompettiste Ibrahim Maalouf le rejoignent à l’occasion de deux thèmes, l’une et l’autre. A mesure que le concert avance, -M- devient musicien à tout jouer, déclenchant des lignes de basses, des supports rythmiques à la guitare, des couches vocales. Un groupe à lui seul.
Totems
Passé un premier moment acoustique, avec six chansons – là aussi -M- casse un peu les codes des concerts pop et rock où l’acoustique vient généralement à mi-parcours –, il file sur la volée de marches qui mènent au-dessus de la gardine (le rideau de l’entrée des artistes) à l’emplacement traditionnel où se trouve l’orchestre du cirque. Un système de batterie, qu’il joue au pied, lui permet de s’accompagner. Puis sont illuminées des formes étranges. Des totems, qui montent vers les hauteurs du chapiteau, constitués des éléments d’une batterie, grosse caisse, caisse claire, toms, cymbales. Instruments qui jouent de leur propre chef en recourant, non pas à des engrenages de roues dentées, mais à l’électronique.
En 2015, Stephan Eicher avait déjà présenté lors de ses concerts une version moderne des instruments mécaniques, appareillage nommé « Die Automaten », avec percussions, double carillon, jeux de tuyaux d’orgue… -M- rappelle que ce beau spectacle, qui avait un aspect artisanal, avait précédé le sien. Les progrès de la technologie apportent une réactivité plus fine des instruments. Le talent de -M-, au-delà du soin qu’il a porté à arranger les anciens thèmes, parfois à les transformer pour qu’ils se mêlent plus naturellement aux nouveaux, est de ne pas se laisser dominer par l’ensemble de son système. Il tourne et vire sur la piste, et c’est bien lui, en guitariste, avec sa collection de modèles historiques (Fender Stratocaster, Gibson SG) ou conçus pour lui, qui emporte sa musique vers sa part la plus funk, rock et pop psyché.
-M- - Superchérie
Durée : 03:28
En tournée. Dates disponibles sur le site Labo-m.net