Saint-Louis Sucre ferme deux sucreries, 130 emplois menacés
Saint-Louis Sucre ferme deux sucreries, 130 emplois menacés
Le Monde.fr avec AFP
L’industriel envisage la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020, ainsi qu’une vaste réorganisation pour faire face à la chute des cours mondiaux.
Saint-Louis Sucre a annoncé, jeudi 14 février, la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France à partir de 2020, ainsi qu’une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre, ce qui se traduirait par 130 suppressions d’emplois.
Les sites de Cagny (Calvados), Eppeville (Somme) et Marseille sont visés. L’usine de Cagny, qui emploie 85 salariés, cessera sa production de sucre au profit du stockage de sucre, mélasse et de la production d’alimentation animale à partir de mélasse, ce qui se traduirait par 77 suppressions d’emplois.
A Eppeville, 122 des 132 salariés seront réaffectés dans les deux usines de Roye (Somme), située à une vingtaine de kilomètres. Les dix autres effectueraient du stockage de sucre, sirop et mélasse et la déshydratation de pulpe. A Marseille, usine de conditionnement, les 58 salariés seront ramenés à cinq pour un recentrage de l’activité sur la production de sucre liquide.
Chute des prix sans précédent
Ces décisions ont été annoncées, jeudi, lors d’un comité central d’entreprise à Paris. « Ce projet répond à la nécessité de s’adapter à la nouvelle donne du marché du sucre : libéralisation du marché européen depuis octobre 2017 avec la suppression des quotas, surproduction à l’échelle mondiale et chute des prix sans précédent sur les marchés mondiaux et européens », a précisé le groupe, filiale de l’Allemand Südzucker, dans un communiqué.
« Ce projet s’inscrit dans un contexte de pertes de la branche sucre du groupe Südzucker, l’amenant à devoir adapter ses capacités de production à la demande du marché européen », précise-t-il. Südzucker a enregistré un déficit de 83 millions d’euros sur sa branche sucre au troisième trimestre de l’exercice 2018-2019.
« L’Europe avait un marché régulé, mais la suppression des quotas de sucre en 2017 a encouragé les industriels à augmenter leur production de 30 %, ce qui a inondé le marché et fait baisser les prix », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Loïc Touzé, délégué syndical central FO, soulignant que Saint-Louis Sucre accuse aujourd’hui un déficit de 70 millions d’euros.
Il dénonce toutefois le « deux poids deux mesures » entre les usines allemandes de la maison mère et les usines françaises. « Südzucker vient d’annoncer qu’il arrêtait de produire 700 000 tonnes de sucre par an, mais c’est la France qui concentre l’essentiel des efforts avec 450 000 tonnes. L’actionnaire privilégie ses usines en Allemagne », regrette le syndicaliste, pour qui « d’autres solutions auraient été possibles sans fermeture d’usine ».
« Décision brutale »
Filiale depuis 2001 de Südzucker, premier sucrier européen, Saint-Louis Sucre emploie 770 salariés en France et travaille avec 4 733 planteurs de betterave sucrière.
Dans un communiqué, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a jugé cette décision « brutale » et appelé la préfète de la Somme à « réunir le plus rapidement possible toutes les parties prenantes » pour déterminer « si toutes les options ont été étudiées sérieusement » concernant le site d’Eppeville.
« S’il apparaît que des investissements pour maintenir la production à Eppeville sont nécessaires, les collectivités locales et, en premier lieu, la région Hauts-de-France seront prêtes à participer à cet effort financier », a-t-il écrit.