La RATP poursuit la mue urbaine de ses ateliers
La RATP poursuit la mue urbaine de ses ateliers
LE MONDE ECONOMIE
Dans le 15e arrondissement, la modernisation de deux centres de maintenance du métro va s’accompagner de la construction d’un quartier de 400 logements.
Les futurs logements sociaux sur le site des Ateliers Vaugirard de la RATP, le long d’une rue créée par l’opération d’aménagement. / Dominique Lyon Architectes / Christ & Gantenbein
Entre la rue Lecourbe et la rue Desnouettes, une partie des grands ateliers de briques et de tuiles rouges occupés depuis 1910 par la RATP ont été rasés, laissant place à une vaste friche. Sur cette parcelle du 15e arrondissement de Paris, mardi 19 février, la régie de transports devait poser la première pierre d’une opération d’aménagement de 2,3 hectares qui donnera naissance à 400 logements, dont la moitié de HLM, mais aussi à une nouvelle rue parisienne, des commerces et une halte-garderie. Originalité : les ateliers de maintenance de la ligne 12 du métro continueront à fonctionner tout au long des travaux et au-delà, une fois le quartier terminé.
« C’est le défi et la prouesse de ce chantier : construire une ville sur nos ateliers sans jamais interrompre l’activité », apprécie Jean-Louis Houpert, directeur immobilier de la RATP. La transformation des ateliers Vaugirard marque une nouvelle étape dans la stratégie urbaine de la régie. La philosophie est simple : « Nous voulons maintenir nos emprises industrielles dans Paris, où nous sommes un des plus gros employeurs de cols bleus, et moderniser cet outil grâce à son insertion urbaine et à sa valorisation foncière », explique M. Houpert. La régie s’est ainsi engagée en 2014 auprès de la Ville de Paris à créer 2 000 logements en dix ans.
Emerige et Icade vont construire un immeuble de logements privés sur le site des Ateliers Vaugirard. / Emerige - Icade / Hamonic + Masson & Associés
Sur des emplacements qui valent de l’or, la RATP propose à des promoteurs de construire des immeubles de logements au-dessus de ses dépôts de bus et de ses centres d’entretien, qui se retrouvent ainsi enfouis sous la ville. Les droits à construire financent une partie de la modernisation de cet outil industriel vieillissant, à l’heure ou des bus et des métros de nouvelle génération sont déployés sur le réseau – les futures rames de la ligne 12 sont attendues en 2026. L’aménagement de Vaugirard est ainsi le troisième du genre, après les spectaculaires transformations des dépôts de bus de Lagny (20e arrondissement) et de Jourdan (14e).
65 % de surfaces végétalisées
Dans sa première phase, l’opération de Vaugirard va permettre d’ici à 2023 de construire des résidences privées – développées par un groupement Emerige-Icade – et des logements sociaux de RATP Habitat. Mais aussi un atelier de maintenance des équipements électroniques et électropneumatiques du métro, qui remplacera l’ancien atelier désaffecté des véhicules de maintenance industrielle. Bilan de cette première tranche : 53 millions d’euros de recettes pour 119 millions d’investissements.
Le futur atelier de maintenance des équipements électroniques (à gauche) et les logements sociaux (à droite), vus depuis les voies d’entretien du métro. / Dominique Lyon Architectes / Christ & Gantenbein
Une deuxième étape, plus délicate, consistera à transformer l’atelier des métros – en conservant, pour le symbole, quelques éléments de ce patrimoine industriel – et à l’entourer d’immeubles résidentiels, alors même que cinquante agents s’affairent chaque jour à entretenir quelques-unes des cinquante rames de la ligne, acheminées là par un tunnel dont les rails débouchent au cœur de l’îlot. Une cohabitation étroite entre mouvements de métro, travail de l’atelier et vie des riverains, au risque de conflits de voisinage. « La mixité d’usages et la mixité sociale font partie de nos grands principes, comme la qualité architecturale et la concertation avec les habitants : le projet ne s’est heurté à aucun recours », défend M. Houpert.
La RATP met aussi en avant l’exceptionnel verdissement du futur îlot, qui affichera 65 % de surfaces végétalisées. Une performance obtenue non pas par des surfaces en pleine terre et une canopée de grands arbres, mais grâce à 700 m2 d’agriculture urbaine, des balcons plantés, et surtout 15 000 m2 de toitures couvertes de mousses végétales, notamment sur les ateliers en cœur d’îlot. Des toitures végétales loin de toujours tenir leurs promesses.
L’un des immeubles de logements privés développés par Icade et Emerige sur le site des ateliers Vaugirard. / Emerige et Icade / Ibos et Vitart Architectes