Le premier épisode du "Nom de la rose", version série, est diffusé en France le 5 mars. / OCS

OCS MAX, mardi 5 mars à 20 h 40, série

Faut-il adapter les films en séries ? La récente Hippocrate, de Thomas Lilti pour Canal+, a montré que, conduit avec soin et porté par un souci de renouvellement – en l’occurrence par le cinéaste lui-même –, le procédé peut non seulement trouver sa singularité mais offrir plus de profondeur encore au propos et aux personnages.

Au vu des deux premiers épisodes de The Name of the Rose – les seuls mis à la disposition de la presse –, difficile de dire si la série adaptée du best-seller (55 millions d’exemplaires vendus dans le monde) d’Umberto Eco (1932-2016), Le Nom de la rose (1980, paru deux ans plus tard en français et récompensé du prix Médicis étranger) trouvera la force d’une véritable recréation.

L’écrivain italien avait approuvé une première version du scénario ; mais sa mort, en 2016, l’aura empêché de connaître l’évolution de l’adaptation. Notamment quand John Turturro n’a accepté de jouer le personnage de l’Hercule Poirot, investigateur en robe de bure, qu’à la condition que les auteurs se rapprochent davantage de l’original.

L’acteur a également réclamé de pouvoir collaborer à l’écriture de son rôle, ainsi qu’il l’a confié à variety.com. John Turturro ne connaissait ni le livre ni le film que Jean-Jacques Annaud en a tiré en 1986 ; le réalisateur, l’Italien Giacomo Battiato, a pour sa part assuré vouloir se démarquer du film.

Battiato, habitué des sujets historiques et religieux, a apparemment décidé de prendre son temps : il est vrai que huit épisodes de 52 minutes (moins les cinq du très long générique de fin de chaque épisode) invitent moins aux raccourcis que ne le fait un long-métrage, fût-il d’une longueur de deux heures dix.

Suspense surcuit

Mais au lieu de faire frissonner le suspense à petit bouillon, l’Italien le surcuit à coups de longues scènes et d’interminables dialogues. L’absence de réelle tension dramatique est habilement masquée par une musique épaisse et liquoreuse (entre les génériques de House of Cards et de Downton Abbey, pour le thème du « Dies Irae » en palimpseste auriculaire). Sa vulgarité est confondante.

La réalisation, très académique, très soporifique, a des airs de déjà-vu. Les décors, qui semblent naviguer entre manipulation synthétique et carton-pâte (le tournage a en partie eu lieu aux légendaires studios romains de Cinecitta), jouent à l’occasion les clairs-obscurs de pacotille à la chandelle : plus on croit servir le vrai par des artifices, plus ceux-ci sonnent faux et paraissent en toc.

John Turturro y est formidable et Rupert Everett, en inquisiteur cruel et barbu, étonnant

Cependant, autant qu’on puisse en juger avec ces deux premiers épisodes, John Turturro y est formidable et Rupert Everett, en inquisiteur cruel et barbu, étonnant, ainsi que le jeune acteur allemand Damian Hardung dans le rôle du novice Adso de Melk, qui assure la narration – ainsi que dans le film d’Annaud. Mais leur jeu ne suffit pas à sortir le propos de son ornière boueuse.

Si elle était tournée en noir et blanc, cette grosse production internationale lancée par la Rai – qui la diffuse le 4 mars, soit un jour avant OCS en France – donnerait l’impression d’un dramatique historique des années 1960 avec des personnages dont le vestiaire semble cousu dans d’anciennes couvertures des wagons-lits de la SNCF.

LE NOM DE LA ROSE Bande Annonce (2019) Thriller, Série OCS
Durée : 00:58

The Name of the Rose, d’Andrea Porporati, Nigel Williams et Giacomo Battiato (Italie-Allemagne-France, 2019, 8 × 52 min). Avec John Turturro, Rupert Everett, Damian Hardung, Fabrizio Bentivoglio, Tchéky Karyo, Greta Scarano, Richard Sammel, Sebastian Koch, Michael Emerson. Sur OCS MAX à la demande.