Le WWF accusé de financer des factions paramilitaires violentes en Asie et en Afrique
Le WWF accusé de financer des factions paramilitaires violentes en Asie et en Afrique
Selon « BuzzFeed », des milices soutenues par le Fonds mondial pour la nature se seraient rendues coupables d’exactions barbares dans leur lutte contre le braconnage.
Ce sont des révélations extrêmement graves pour l’organisation au panda. D’après BuzzFeed, le Fonds mondial pour la nature (WWF) aurait financé des milices paramilitaires violentes au titre de la protection de l’environnement.
Dans une enquête fleuve basée notamment sur plus de cent entretiens, le site d’information américain recense une série d’exactions barbares commises sur des populations locales par des membres de WWF. Torture, viols ou meurtres, ces violences auraient été observées dans au moins six pays d’Asie et d’Afrique, notamment l’Inde, le Népal, le Cameroun et la République centrafricaine. En rétribuant ces hommes et en leur fournissant de menus équipements – couteaux, jumelles de nuit, matériel antiémeute – l’ONG est accusée d’avoir « financé des raids dans des villages ».
Créées à l’origine pour lutter contre le braconnage, ces unités se seraient progressivement transformées en milices ultra-violentes, abusant de leurs prérogatives dans et en dehors de leur fonction. Selon Buzzfeed :
« Le personnel de terrain de l’association en Asie et en Afrique a organisé des missions de lutte contre le braconnage avec des troupes de choc connues pour leur brutalité, et a approuvé une proposition visant à tuer des intrus rédigée par un directeur de parc qui a présidé à l’assassinat de dizaines de personnes. »
Des têtes de civils décapités
En 2009, rapporte encore le site, certains membres du WWF en République centrafricaine auraient ainsi paradé dans les rues du pays avec des têtes de civils décapités. La même année, le personnel local aurait été impliqué dans l’achat de fusils d’assaut auprès de l’armée centrafricaine. Au Népal, où le personnel WWF était accusé d’avoir torturé un homme suspecté de braconnage, la fondation aurait même fait pression auprès de la justice pour faire disparaître les accusations.
Le site américain recense une kyrielle d’autres dérives présumées, qualifiant l’ONG de « maître espion mondial », entouré d’un « réseau d’informateurs motivés par un sentiment de vengeance ».
Installé dans plus de quarante pays et bénéficiant d’un important capital de sympathie, le WWF a immédiatement réagi. Dans un communiqué, la fondation a annoncé la création d’une commission d’enquête indépendante composée de spécialistes des droits de l’homme chargée de faire la lumière sur ces accusations. Elle y précise en sus que nombre des informations révélées par BuzzFeed « ne correspondent pas à sa compréhension des événements et que prendre des mesures contre le braconnage ne pouvait être considéré comme une violation des droits de l’homme ».
Contexte tendu
En 2017 déjà, l’Organisation de coopération et de développement économiques avait jugé recevable une plainte déposée contre le WWF, mis en cause pour « violations des droits de l’homme » au Cameroun. Concrètement, le WWF était accusé par l’ONG britannique Survival de subventionner des activités bafouant les droits des Pygmées au Cameroun. Certaines tribus du bassin du Congo avaient notamment rapporté des sévices corporels pratiqués à leur endroit par des équipes de lutte contre le braconnage. Là encore, l’organisation avait invoqué l’impératif de lutte contre la chasse illégale.
Ces dernières révélations viennent s’ajouter à un contexte particulièrement tendu pour les ONG. En janvier 2018, le scandale d’abus sexuels commis par des membres de l’ONG Oxfam en Haïti a conduit à une mise sous surveillance renforcée de ces organisations.