« Fenêtre sur cour » : profession chroniqueuse judiciaire
« Fenêtre sur cour » : profession chroniqueuse judiciaire
Par Catherine Pacary
La journaliste Elise Costa propose, un mercredi sur deux, une nouvelle chronique en format court d’Arte Radio.
Le carnet à spirale, outil de travail d’Elise Costa, chroniqueuse de « Fenêtre sur cour », un mercredi sur deux sur Arte Radio. / ILLUSTRATION : SIMON LECLERC
Difficile de renouveler un genre. Surtout dans un domaine, la justice, aux règles strictes et aux cadres immuables, avec ses palais, ses prétoires, ses robes d’un autre âge. Journaliste à Slate.fr, Elise Costa, 36 ans, relève le défi, depuis le 27 février, et met en ligne, un mercredi sur deux, « Fenêtre sur cour », nouveau format court d’Arte Radio, où elle prend à contre-pied les codes établis.
Référence historique de la chronique judiciaire, Frédéric Pottecher (1905-2001) était-il ainsi réputé pour la façon qu’il avait de capter l’attention de son auditoire par une voix puissante ? Elise Costa parle d’un ton monocorde, volontairement scolaire.
Plus osé, l’ex-journaliste de culture pop, passée aux crimes et faits divers en 2015, ne relate pas les étapes des procès auxquels elle assiste ni ne donne les verdicts. Elise Costa ambitionne en revanche, comme elle l’explique sur Arte Radio, d’y « traquer notre part d’humanité ». Jusqu’ici, dans les deux premiers numéros disponibles en podcast, elle partage surtout avec l’auditeur son ressenti sur ce qu’elle vit au quotidien.
Un narcissisme assumé
Ainsi, dans « Comment je suis devenue chroniqueuse judiciaire », Elise Costa revient sur le rôle déclencheur, dans sa carrière, de « l’affaire Eva Bourseau », du nom de la jeune fille retrouvée morte après avoir trempé sept jours dans une malle d’acide, tuée par deux étudiants « brillants » mais drogués. Elle raconte son intérêt pour l’amie d’Eva Bourseau, au point de la rencontrer à plusieurs reprises. « Sans elle, (…) je ne serais jamais devenue chroniqueuse judiciaire. »
La deuxième chronique, axée sur la difficulté à garder ses distances dans une profession où l’on est exposé aux récits les plus atroces, aurait pu s’appeler « Ça prend aux tripes ». Ce sera : « La fausse gastro », provoquée par le procès dit « des disparues de la gare de Perpignan » de mars 2018 – deux jeunes filles découvertes mortes, éviscérées et partiellement découpées. Elise Costa récapitule l’enquête avant de bifurquer – de nouveau – sur son propre malaise et sur son « mec ». Un narcissisme assumé qui peut passionner au-delà des chroniqueurs judiciaires amateurs, à confirmer ou à infirmer lors de la troisième chronique, mercredi 13 mars, sur la présence controversée des box vitrés.
Fenêtre sur cour. Les chroniques judiciaires d’Elise Costa, musique et réalisation : Samuel Hirsch, Arte Radio, un mercredi sur deux (6 min environ).