Amnesty International accuse des miliciens yéménites d’avoir violé des enfants
Amnesty International accuse des miliciens yéménites d’avoir violé des enfants
Le Monde.fr avec AFP
Les auteurs présumés de ces actes, au nombre desquels figurent des membres de milices soutenues par la coalition menée par l’Arabie saoudite, n’ont pas été inquiétés.
Des garçons, âgés de huit à seize ans, ont été violés au Yémen, accuse l’ONG de défense des droits humains Amnesty International, lundi 11 mars. L’organisation dit avoir recueilli des preuves faisant état de viol sur trois garçons et d’une agression sexuelle sur un quatrième, commis dans la ville de Taëz, aux mains des forces progouvernementales et assiégée par les rebelles houthistes.
Les familles respectives des quatre garçons ont raconté à Amnesty que leurs fils avaient été agressés au cours des huit derniers mois, notamment dans une mosquée. Selon Amnesty, « les familles se sont heurtées à divers obstacles quand elles sont allées signaler ces agressions aux autorités ».
« Les viols et agressions sexuelles commis dans un contexte de conflit armé sont des crimes de guerre. Les personnes occupant des postes de commandement qui s’abstiennent de faire cesser ces agissements odieux peuvent elles-mêmes être tenues pour responsables de crimes de guerre », rappelle la directrice régionale d’Amnesty pour le Moyen-Orient, Heba Morayef.
Craintes des familles
Une mère a raconté à l’ONG que son fils de huit ans avait été violé à deux reprises en 2018 dans une mosquée, par deux hommes, dont le fils d’un imam lié à Al-Islah, un parti proche de la confrérie des Frères musulmans et de l’Arabie saoudite. Des rapports médicaux lus par Amnesty montrent que le garçon souffre de commotions depuis l’agression.
Un homme a rapporté que son fils de 13 ans avait été violé par les mêmes hommes, dans la même mosquée. Un garçon de 16 ans a confié à Amnesty avoir été violé en décembre sous la menace d’une arme par « un milicien lié à Al-Islah ». D’autres agressions de ce type ont pu avoir lieu sans être rapportées, en raison de la crainte des familles à l’égard des miliciens, qui ont prospéré à cause de la guerre, d’après Amnesty.
Selon la loi yéménite, les personnes accusées de violences sexuelles peuvent être condamnées à la peine de mort. Plusieurs hommes ont été publiquement exécutés ces dernières années pour avoir violé et tué des enfants.
Le conflit en cours dans le pays a déjà fait quelque 10 000 morts, selon un bilan partiel de l’Organisation mondiale de la santé. Selon l’ONU, 24,1 millions de Yéménites ont besoin d’une aide ou de protection, dont dix millions sont au bord de la famine. « Un rapport crédible indique que le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui sont morts de faim s’élève à plus de 80 000 », selon Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) espère, lui, venir en aide cette année à douze millions de personnes par mois au Yémen, alors qu’il en atteignait entre sept et huit millions à la fin de 2018. « Le Yémen reste la pire crise humanitaire au monde », selon le secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock.