Croissance : l’économie française pourrait faire mieux que la zone euro en 2019
Croissance : l’économie française pourrait faire mieux que la zone euro en 2019
Par Elise Barthet
D’après l’Insee, le produit intérieur brut progresserait de 0,4 % au premier et au deuxième trimestre. Un rythme légèrement supérieur à celui de la zone euro.
La consommation, soutenue par les mesures en faveur du pouvoir d’achat annoncées par le président Emmanuel Macron en décembre 2018, devrait reprendre quelques couleurs en début d’année. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP
L’inertie a ses vertus. A la peine quand la croissance mondiale accélérait il y a quatre ans, la France devrait, en 2019, mieux résister que les autres au ralentissement général. D’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le produit intérieur brut (PIB) progresserait de 0,4 % au premier et au deuxième trimestre. Un rythme légèrement supérieur à celui de la zone euro et qui porte l’acquis de croissance pour la première partie de l’année à 1,1 %. A en croire les projections de la Banque de France, le résultat final pourrait avoisiner les 1,4 %.
A quoi tient cette (relative) bonne santé de l’économie tricolore ? Comme pendant les crises de 2008 et 2013, les raisons sont doubles. D’abord, le pays est moins exposé que ses grands voisins aux aléas du commerce mondial. C’est handicapant quand les échanges explosent, mais plutôt à l’avantage de l’Hexagone lorsque la machine se grippe. Or, comme le rappelle l’Insee dans sa note de conjoncture du 19 mars, « l’environnement international s’est singulièrement assombri » ces derniers mois.
La consommation représente à peu près de 55 % du PIB
Montée des droits de douanes, essoufflement chinois, inflation galopante dans les émergents, Brexit aux contours flous… Pour des pays dont la richesse dépend massivement des exports, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, la potion s’annonce amère. La croissance outre-Rhin, déjà plombée par les mauvaises performances du secteur automobile, ne dépasserait pas 0,7 %, selon les prévisionnistes. L’Italie, entrée en récession fin 2018, resterait quant à elle dans le rouge au premier trimestre, en attendant la montée en puissance du revenu de citoyenneté, censé redonner quelques marges de manœuvre aux ménages.
Dans ce contexte européen pour le moins chahuté, la France peut compter sur un second atout : la consommation, soutenue par les mesures en faveur du pouvoir d’achat annoncées par le président Emmanuel Macron en décembre 2018, devrait reprendre quelques couleurs en début d’année. Elle croîtrait, nous dit l’Insee, de 0,5 % au premier trimestre et de 0,4 % au deuxième. Un rebond « technique » après plus d’un an de faiblesse, mais un rebond tout de même.
C’est une bonne nouvelle. Car la consommation représente à peu près de 55 % du PIB français et son atonie avait plombé la dynamique de l’économie l’an passé. Les ménages, inquiets pour leur pouvoir d’achat, avaient alors préféré mettre de l’argent de côté. Leur confiance, au plus haut à la mi-2017, avait plongé tout au long de 2018, avant de sombrer pour de bon en novembre, quand a éclaté le mouvement des « gilets jaunes ».
Un meilleur moral
Les manifestations du samedi ne se sont pas beaucoup calmées, mais force est de constater que le moral, depuis janvier, est meilleur. Même si les données globales masquent d’importantes disparités individuelles, le pouvoir d’achat qui s’était repris en fin d’année, devrait croître d’1,8 % au premier semestre. Une progression facilitée par le versement de la prime exceptionnelle, l’augmentation modérée de l’inflation (1 % attendue en juin) et le rythme des créations d’emplois. D’après l’Insee, 85 000 nouveaux postes verraient le jour d’ici l’été. Le taux de chômage, lui, continuerait à baisser, pour atteindre 8,7 % à la mi-année.
Même si les performances n’ont rien d’éblouissant, la plupart des indicateurs sont, pour le moment, bien orientés. L’investissement des entreprises, qui avait tiré la croissance en 2017 et en 2018, conserverait une cadence soutenue à 0,7 % et 0,8 % aux premier et deuxième trimestres.
Seul l’investissement des ménages (qui recouvre la demande en logements neufs), très morose depuis le printemps 2018, se replierait encore nettement. Un bémol qui ne devrait pas empêcher la France de « tirer, au moins ponctuellement, son épingle du jeu », selon l’Insee.