Du dioxyde de titane présent dans deux tiers des dentifrices
Du dioxyde de titane présent dans deux tiers des dentifrices
Le Monde.fr avec AFP
Utilisé pour blanchir, l’additif E171 contient des nanoparticules, d’une taille inférieure à 100 nanomètres, ce qui facilite leur pénétration dans l’organisme.
Qu’est-ce qu’un additif alimentaire ?
Durée : 03:57
Le dioxyde de titane, additif controversé car il contient des nanoparticules, est largement présent dans les dentifrices, dénonce jeudi 28 mars l’association Agir pour l’environnement. Le collectif demande que ce produit – généralement désigné sur les étiquettes sous le nom de E171 et utilisé pour blanchir et intensifier la brillance de certains produits – ne soit plus utilisé dans les dentifrices ou médicaments.
L’association a étudié 408 dentifrices dont 59 pour enfants vendus dans les grandes surfaces, pharmacies, parapharmacies et magasins bio. Il en ressort que « deux tiers des dentifrices (271 dentifrices sur 408) contiennent du dioxyde de titane ». Sur ce nombre, « aucun ne précise sur son emballage si le dioxyde de titane présent est à l’état nanoparticulaire », selon un communiqué de l’association. Du côté des dentifrices destinés aux plus jeunes, « un dentifrice pour enfants sur deux en contient [29 dentifrices sur 59] ».
Le dioxyde de titane, de formule TiO2, contient des nanoparticules d’une taille inférieure à 100 nanomètres, ce qui facilite leur pénétration dans l’organisme. Un risque qui soulève depuis plusieurs années l’inquiétude des associations de défense des consommateurs et de l’environnement.
Suspension retardée
L’exposition chronique à cet additif favorise en effet la croissance de lésions précancéreuses chez le rat, selon une étude publiée en 2017 par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Si ces résultats ne permettent pas de conclure à des effets sur l’homme, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, avait fait le déplacement en mai dernier dans l’usine d’un confiseur à Tourcoing (Nord) pour annoncer la volonté du gouvernement de suspendre « d’ici à la fin de l’année » l’utilisation, dans tous les produits alimentaires, du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules. Il s’agissait cependant seulement d’une suspension car une interdiction doit être décidée à l’échelle européenne par le Parlement de Strasbourg.
Mais le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait refusé de signer l’arrêté de suspension, mettant en avant des « évaluations différentes » sur la dangerosité potentielle du produit. Il aurait ensuite fait machine arrière, selon des associations, et se serait engagé à suspendre cette substance à la mi-avril.
Réunion jeudi à Bercy
Agir pour l’environnement, qui doit être reçue jeudi après-midi par le cabinet de Bruno Le Maire, demande « l’élargissement de l’arrêté de suspension du dioxyde de titane à tous les produits qui peuvent être totalement ou partiellement ingérés : dentifrices et médicaments (le TiO2 est présent dans les excipients de 4 000 médicaments) ».
L’association réclame aussi « une enquête de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour vérifier si l’absence de la mention “nano” sur l’étiquetage des dentifrices est justifiée, ainsi que des sanctions dissuasives pour les fraudeurs ».