Strasbourg adopte de nouveaux objectifs de réduction de la pollution
Strasbourg adopte de nouveaux objectifs de réduction de la pollution
Par Nathalie Stey (Strasbourg, correspondance)
Alors que le nouveau contournement routier prend forme, les opposants dénoncent l’incohérence entre les ambitions affichées et la politique menée.
L’autoroute A4 à Strasbourg. / FREDERICK FLORIN / AFP
Après plus d’un an de réflexion, l’Eurométropole de Strasbourg a adopté, vendredi 5 avril, une première version de son « plan climat air énergie » territorial. Si la nécessité d’engager une stratégie de rupture pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris fait l’unanimité, certains n’hésitent pas à dénoncer l’incohérence d’une politique communautaire allant parfois à l’encontre des ambitions affichées.
Les objectifs annoncés sont forts. Strasbourg veut respecter les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air dès 2030, atteindre la neutralité carbone en 2050 et ne plus consommer, à cette échéance, qu’une énergie 100 % renouvelable. Le temps presse : alors qu’elle faisait, il y a trente ans, figure de bon élève avec le déploiement de son tram et la piétonnisation du centre-ville, l’agglomération se retrouve aujourd’hui sous les feux des projecteurs.
L’Eurométropole a en effet été invitée cette semaine à communiquer à l’État les actions menées en faveur de la qualité de l’air, pour alimenter l’argumentaire que la France doit présenter à la Cour de justice de l’Union européenne dans le cadre des actions contentieuses lancées à son encontre par la Commission européenne. L’agglomération de Strasbourg est particulièrement concernée par la pollution aux particules fines et au dioxyde d’azote dénoncées par Bruxelles. Une situation relevée par Greenpeace, qui a réalisé une étude sur l’exposition des écoles métropolitaines à la pollution de l’air. Résultat : 34 % d’entre elles sont à moins de 200 m de sources de pollution au dioxyde d’azote dépassant les seuils légaux.
L’enjeu : être efficace
Pour retrouver un air sain et réduire les émissions de gaz à effet de serre, une cinquantaine d’actions ont été définies, allant de la mise en place d’une zone à faibles émissions au bannissement du diesel dans les livraisons et les transports en commun, en passant par le développement du végétal, la rénovation de 6 000 à 8 000 logements par an ou encore l’instauration d’une tarification incitative pour les déchets. Au-delà, c’est l’ensemble des politiques publiques qui doit intégrer la question climatique, de manière transversale. Enjeu, au-delà des ambitions affichées : être efficace.
En 2009 déjà, l’Eurométropole avait adopté un plan climat, avec des objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre et de consommation d’énergie de 30 % et de consommation de 30 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Dix ans plus tard, les résultats ne sont pas à la hauteur : les énergies renouvelables stagnent à 15 % et la consommation d’énergie est repartie à la hausse en même temps que la reprise économique.
Le seul objectif atteint concerne la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Une évolution qui n’a cependant rien à voir avec les politiques publiques, puisqu’elle est essentiellement la conséquence de deux fermetures : celle de la raffinerie de Reichstett et celle de la centrale d’incinération de l’agglomération.
Aujourd’hui, les ambitions de l’agglomération en termes de diminution des émissions de gaz à effet de serre achoppent sur le projet routier de grand contournement ouest (GCO), en cours de réalisation, et son pendant : la requalification du contournement existant en boulevard urbain. Le président de l’Eurométropole, Robert Herrmann, y voit la solution à la pollution de l’air dénoncée par la Commission européenne. Pour d’autres élus au contraire, dont Andrée Buchmann (écologiste), « affirmer que le GCO fera baisser la pollution de l’air à Strasbourg est une hérésie scientifique ». Le plan climat sera définitivement adopté en décembre prochain.