A Paris, 600 taxis à hydrogène rouleront à la fin 2020
A Paris, 600 taxis à hydrogène rouleront à la fin 2020
Par Eric Gibory
A travers la société HysetCo, quatre pionniers vont investir 100 millions d’euros pour tester et promouvoir cette technologie sur les sols parisien et francilien.
Un taxi à pile à combustible ix35 du constructeur automobile coréen Hyundai à une station temporaire à hydrogène d’Air Liquide, à Paris. / ERIC PIERMONT / AFP
En février 2019, Air Liquide, Idex (spécialiste français des infrastructures énergétiques), la Société du taxi électrique parisien (STEP) et Toyota ont signé un accord de partenariat autour de cette technologie naissante. Objectif : développer Hype, la première flotte de taxis à hydrogène au monde. Inaugurée en 2015 dans le cadre de la COP21, cette compagnie compte déjà 100 véhicules zéro émission à Paris et en région parisienne, essentiellement des Hyundai Ix35.
Pour parvenir à leurs fins, les quatre aventuriers de l’hydrogène ont fondé une société commune. Baptisée HysetCo, elle s’est donné pour mission de déployer un grand nombre de véhicules à hydrogène en Ile-de-France et de construire un réseau de stations de ravitaillement adapté à la taille de ce parc. Fin 2020, la flotte de taxis Hype devrait compter 600 véhicules à hydrogène.
Air Liquide se concentre sur la construction de stations de ravitaillement. Le groupe en a déjà ouvert quatre à Paris et en région parisienne, et renforcera ce maillage dans les années à venir. A terme, 10 à 12 stations sont prévues. Faire le plein d’hydrogène demande cinq minutes quand plusieurs heures de charge sont nécessaires pour récupérer l’autonomie maximale d’un modèle électrique à batterie. Seulement, ouvrir une station à hydrogène mobilise un à deux millions d’euros d’investissement, contre 100 000 à 150 000 euros pour une station-service essence et diesel. Mais, avec l’industrialisation et grâce à la recherche, les prix baissent. Il y a six ans, l’enveloppe nécessaire atteignait encore plusieurs millions d’euros.
Un défi économique
Partenaire essentiel du projet, Toyota est l’un des premiers constructeurs avec Hyundai et Honda à proposer un véhicule à hydrogène de série. Outre son moteur de 155 chevaux, la Mirai (« futur » en japonais) est équipée de deux réservoirs à hydrogène à haute pression (700 bars) qui alimentent la pile à combustible fabriquée en série. Placés à l’avant et à l’arrière, ces réservoirs offrent une capacité totale de 122 litres, soit une masse stockée qui atteint 5 kilogrammes pour offrir une autonomie de 500 kilomètres.
La pile à combustible, les réservoirs et les autres composants du groupe propulseur sont placés sous le plancher. Avec un centre de gravité abaissé, tenue de route et confort en sortent renforcés. Pour s’offrir ce condensé d’innovation, l’automobiliste lambda devra avoir un portefeuille bien garni puisque le prix de vente atteint près de 80 000 euros. De son côté, Hype loue les véhicules pendant trois ans (ou 240 000 kilomètres) et les restitue à Toyota à l’issue du contrat. Dans le cadre des accords conclus, le constructeur livrera 200 Mirai cette année et 300 l’année prochaine, soit les deux tiers des quotas prévus pour l’Europe sur cette période.
HysetCo, la coentreprise, est dotée d’une capacité d’investissement de 100 millions d’euros pour mener à bien la première phase du projet et ainsi couvrir le financement des véhicules, des infrastructures de recharge et l’achat des licences de taxi. En 2021, Toyota commercialisera une nouvelle génération de Mirai. Les dirigeants de Toyota estiment que le prix de la pile à combustible devrait être divisé par quatre ou cinq d’ici à 2025-2030, tout comme le prix du véhicule. Hype reconnaît le défi économique et n’a pas vocation à être rentable à court terme.