« Monsieur Link » : l’aventurier et le monstre dans un même bateau
« Monsieur Link » : l’aventurier et le monstre dans un même bateau
Par Véronique Cauhapé
Le dernier film d’animation des studios Laïka déçoit par son scénario mais se montre assez riche.
Après L’Etrange Pouvoir de Norman (sorti en 2012) qu’il coréalisa avec Sam Fell, Chris Butler signe, seul cette fois, son deuxième long-métrage, Monsieur Link, pour lequel il s’est associé, comme pour le premier, au studio américain Laïka, résolument tourné, depuis sa création en 2002, vers la technique artisanale de l’animation image par image. A ce dernier, on doit, entre autres, quelques petites merveilles telles que Coraline, de Henry Selick, Les Boxtrolls, de Graham Annable et Anthony Stacchi, Kubo et l’armure magique, de Travis Knight. Moins audacieux dans le scénario, moins inventif sur la forme, Monsieur Link possède cependant suffisamment de qualités – beauté désuète que rehaussent des couleurs saturées, alternance de scènes cocasses et spectaculaires, humour pince-sans-rire – pour nous embarquer dans son histoire quelque peu simpliste.
Celle-ci a pour personnages principaux un explorateur égocentrique fort ambitieux, Sir Lionel Frost, et une créature malheureuse, mi-homme mi-singe, Monsieur Link. Le premier, ne rêvant que d’une chose – entrer dans le cercle très restreint des plus grands aventuriers britanniques –, décide de partir en Amérique à la recherche d’un monstre qui, d’après ses informations, serait le dernier vestige de l’évolution humaine.
Différentes inspirations
Après un long périple, la rencontre advient. Mais elle est loin de prendre les allures que le fat avait imaginées. La chose à poils qui se dresse devant lui, les bras ballants et le regard implorant, n’est en effet ni féroce ni demeurée, mais bel et bien bouleversante. La pauvre bête souffre depuis trop longtemps de solitude pour que Lionel Frost refuse de l’aider à rejoindre sa famille éloignée, aux confins de l’Himalaya. Le voyage fera d’eux des amis, l’un apprendra l’altruisme, tandis que l’autre trouvera sa place auprès des hommes et non auprès de ses semblables.
Différentes sources d’inspiration ont guidé le réalisateur et les producteurs dans l’élaboration du film : Les Aventuriers de l’Arche perdue, de Steven Spielberg, les Sherlock Holmes, d’Arthur Conan Doyle, les récits de Jules Verne et les photographies du magazine National Geographic. Elles se retrouvent dans Monsieur Link, judicieusement traduites, et mises en concordance, par diverses techniques d’animation utilisées. Créant une richesse qui fait oublier le manque de complexité de l’intrigue et des personnages.
MONSIEUR LINK - Bande annonce présentée par Eric Judor
Durée : 02:28
Film américain, canadien de Chris Butler. Avec les voix de Thierry Lhermitte, Eric Judor, Hugh Jackman (1 h 34). Sur le Web : www.metrofilms.com/films/missing-link