Une collection « Le Monde ». « Autour de la Lune », de Jules Verne
Une collection « Le Monde ». « Autour de la Lune », de Jules Verne
LE MONDE DES LIVRES
L’intégrale des « Voyages extraordinaires » de Jules Verne, en kiosque, dans une édition de luxe reproduisant les gravures d’origine et les cartonnages au fer doré, fidèle à la mythique collection Hetzel.
Le Monde
« Autour de la Lune », suivi d’« Un hivernage dans les glaces », de Jules Verne, Le Monde, 288 p., 10 €. En kiosque.
« La terre se souleva, et c’est à peine si quelques personnes purent un instant entrevoir le projectile fendant victorieusement l’air au milieu des vapeurs flamboyantes » : ainsi s’achevait, en 1865, De la Terre à la Lune, par la triomphale vision d’une apocalypse scientifique propulsant vers le ciel le projectile douillet et capitonné où s’étaient embarqués, outre messieurs Barbicane, Ardan et Nicholls, les chiens Diane et Satellite.
Distance cosmique faisant, il fallut cinq bonnes années pour que, de l’intrépide quintette, des nouvelles parviennent à un lecteur qui bénéficia tout de même en attendant des Enfants du capitaine Grant (1867) et de Vingt mille lieues sous les mers (1869). Paru en 1870 en édition courante (du fait de la guerre, il fallut attendre 1872 pour découvrir les illustrations présurréalistes de Bayard et Neuville), Autour de la Lune inaugure encore une autre voie romanesque : celle du huis clos cosmique.
« Clubmen » intersidéraux
Encapsulés et calfeutrés dans l’obus, les trois héros sont en effet privés de ce qui est, d’ordinaire, leur feuille de route : ivresse de la distance, surprise des rencontres, aventures et découvertes. A ses clubmen intersidéraux, lancés dans l’espace mais sans guère d’espace pour se mouvoir, Verne réserve les joies du débat scientifique et sélénologique (théories lunaires), les plaisirs de la flottaison en apesanteur, les délices hilarants de la suroxygénation, la vision du corps de Satellite qui, lâché dans le vide, accompagne fidèlement l’obus et, surtout, celle d’une Lune dévorée du regard.
En effet, comme prévient le titre, nous resterons prudemment « autour de la Lune », frustrés d’alunissage et de rencontres sélénites, rivés au hublot pour une contemplation extatique de son sol et surtout de sa face cachée. L’occasion pour Verne de déployer une esthétique baudelairienne de la beauté lunaire, glaçante dans sa pureté sèche et sa minéralité glacée.
Retour sur Terre pour conclure. Complète cette excursion astrale Un hivernage dans les glaces, aventure arctique de 1855.
Les « Voyages extraordinaires » de Jules Verne, une collection « Le Monde »