Kim rencontre Poutine et se plaint des Etats-Unis
Kim rencontre Poutine et se plaint des Etats-Unis
Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, a invité le président russe, Vladimir Poutine, à effectuer une visite en Corée du Nord, ce que le président russe a accepté.
Le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président russe Vladimir Poutine, le 25 avril à Vladivostok. / KCNA / REUTERS
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a confié au président russe Vladimir Poutine, jeudi 25 avril à Vladivostok, que les Etats-Unis avaient été « de mauvaise foi » lors du sommet Kim-Trump de Hanoï en février, rapporte vendredi l’agence nord-coréenne KCNA.
Cette toute première rencontre Poutine-Kim dans l’Extrême-Orient russe était l’occasion pour le leader nord-coréen, en quête de soutien, de pouvoir raviver « les liens historiques » avec Moscou pour arriver à une « relation plus stable et plus solide ».
Mais tard dans la nuit, l’agence d’Etat de Pyongyang a publié des commentaires faits par le dirigeant nord-coréen auprès de son homologue russe, affichant une tonalité offensive à l’égard des Etats-Unis, alors que MM. Kim et Trump avaient opéré une spectaculaire détente de leurs relations ces derniers temps, certes quelque peu plombée par le retentissant fiasco de Hanoï. « La situation dans la péninsule coréenne et dans la région se trouve actuellement dans une impasse et a atteint un point critique », a déclaré le dirigeant nord-coréen, selon KCNA.
« Mauvaise foi »
M. Kim a dit à M. Poutine que la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne dépendent entièrement de l’attitude des Etats-Unis et que son pays « se préparera à toutes les situations possibles », toujours selon KCNA.
M. Kim a aussi averti dans le même texte que la situation « pourrait retrouver son état initial, les Etats-Unis ayant adopté une attitude unilatérale de mauvaise foi lors du second sommet Corée du Nord-Etats-Unis récemment », tenu dans la capitale vietnamienne en février.
A Hanoï, théâtre du deuxième sommet Trump-Kim après celui de juin 2018 à Singapour, la Corée du Nord avait cherché à obtenir un allègement immédiat des sanctions internationales décidées pour la contraindre de renoncer à ses armes atomiques. Mais les discussions avaient été écourtées en raison de désaccords profonds avec Washington, notamment sur les concessions que Pyongyang était prêt à faire.
La semaine dernière, Pyongyang avait haussé le ton en se livrant à une attaque d’une rare violence contre Mike Pompeo, exigeant que le secrétaire d’Etat américain ne participe plus aux discussions sur la dénucléarisation. « Ça va être mouvementé. Ça va être difficile », avait réagi M. Pompeo sur la chaîne américaine CBS mercredi, se montrant prudent sur la suite du dialogue.
Kim, « quelqu’un d’assez ouvert »
Mais entre MM. Kim et Poutine, c’était plus simple jeudi. « Je suis content du résultat : Kim Jong-un est quelqu’un d’assez ouvert, prêt à parler de tout », s’est félicité M. Poutine devant la presse à la fin de la rencontre, première à ce niveau depuis celle en 2011 entre l’ex-président Dmitri Medvedev et Kim Jong Il. « C’est quelqu’un d’assez intéressant, un interlocuteur dense ».
Le leader nord-coréen, qui a qualifiée d’« ouverte et amicale » la rencontre de Vladivostok, a invité M. Poutine à lui rendre visite dans son pays « au moment opportun », et cette offre a été « promptement acceptée », selon KCNA.
Accueilli par une longue poignée de main et avec une ponctualité rare pour Vladimir Poutine, le dirigeant nord-coréen a passé au total cinq heures avec le président russe : deux heures de tête-à-tête suivies de pourparlers entre délégations puis d’un dîner pendant lequel le maître du Kremlin a reçu une épée en cadeau. Les deux hommes ont été servis, selon l’agence TASS, avec du borchtch, une salade de crabe et des raviolis sibériens à la viande de renne.
« Dénucléarisation totale »
Malgré ses invitations répétées à M. Kim, la Russie était restée jusqu’à présent à l’écart de la détente observée sur la péninsule coréenne depuis début 2018. Mais le dirigeant nord-coréen cherche des soutiens dans son bras de fer avec Washington et un certain rééquilibrage de ses relations entre Pékin, son plus proche soutien, et Moscou, son ancien allié de la Guerre froide. C’est l’URSS qui avait placé au pouvoir son grand-père et fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kim Il Sung.
En fin de rencontre, le président russe s’est dit favorable comme les Etats-Unis à une « dénucléarisation totale » et jugé un règlement « possible », à condition de faire « des premiers pas » et d’offrir à Pyongyang des « garanties de sécurité et de souveraineté » de la communauté internationale. « Le plus important est de restaurer (…) la force du droit international et de revenir à une situation où le droit international, et non pas le droit du plus fort, détermine le cours des affaires dans le monde », a-t-il plaidé.
Moscou prône un dialogue avec Pyongyang sur la base d’une feuille de route définie par la Chine et la Russie. Cette dernière a déjà demandé la levée des sanctions internationales, tandis que les Etats-Unis l’ont accusée d’aider Pyongyang à les contourner.
Après des années de montée des tensions, la péninsule connaît cependant une détente spectaculaire et M. Kim a rencontré depuis mars 2018 quatre fois le président chinois Xi Jinping, trois fois le président sud-coréen Moon Jae-in et deux fois M. Trump.