Jürgen Klopp, le 4 mai, à Newcastle. / SCOTT HEPPELL / REUTERS

Pour qui connaît Liverpool, ville chaleureuse et orgueilleuse, radicale et écorchée vive, le compliment vaut de l’or. « D’une certaine façon, Jürgen Klopp a toujours été un “Scouser” (le surnom des habitants), explique Catherine Aland, 38 ans et presque autant d’années en tant que supportrice du Liverpool Football Club. Son sens de l’humour, sa passion, la façon dont il organise le jeu… Lui et Liverpool, on est vraiment faits l’un pour l’autre. »

L’entraîneur des Reds, dont l’équipe rencontre Barcelone mardi 7 mai en demi-finale retour de la Ligue des champions, a été accueilli à bras ouverts par la ville anglaise. Arrivé dans le nord de l’Angleterre à 49 ans, l’Allemand, qui n’avait auparavant entraîné que deux clubs, fait l’unanimité, lui qui continue à parler avec un accent germanique prononcé. Et tant pis si la demi-finale retour s’annonce mal, après la défaite 3-0 contre Barcelone au Camp Nou. Les supporteurs lui pardonnent : Jürgen Klopp les fait de nouveau rêver, après quinze années décevantes.

« Le jour où il est arrivé [en octobre 2015], on a immédiatement recommencé à s’amuser, renchérit Mike Stoddard, le père de Mme Aland, détenteur d’un abonnement annuel depuis les années 1970 et qui était du déplacement à Barcelone. Il a parfaitement compris l’esprit de Liverpool. »

Klopp qui rit et Klopp qui pleure

Il commence aussi à apporter des résultats. Outre la demi-finale de la Ligue des champions, le club conserve une chance de remporter la Premier League : entre Liverpool et Manchester City, tout va se jouer lors de la dernière journée, dimanche 12 mai.

Avec ses lunettes blanches en plastique, ses sprints de célébration le long de la ligne de touche et ses immenses sourires, Jürgen Klopp a une présence et un charisme qui s’imposent. Il rit souvent, pleure parfois, ne mâche pas ses mots quand il est en colère. Il choisit toujours un football offensif et spectaculaire, plaçant la pression très haut sur le terrain.

L’Allemand était un joueur moyen de deuxième division, qui a évolué durant toute sa carrière à Mainz (Mayence), près de Francfort. En 2001, il en a pris la direction et c’est alors qu’il s’est vraiment accompli. « J’avais des pieds de quatrième division mais une tête de première division », expliquait-il sept ans plus tard. « Je pourrais être un enseignant, confiait-il par ailleurs. Quand je m’occupe de gens, tout m’intéresse. Je ne me mets pas au centre des choses. Bien sûr, mon bien-être compte aussi, mais le plus important est que les gens autour de moi soient heureux. »

Le bilan de ses années d’entraîneur est spectaculaire. Il a tiré Mainz en première division, ce qui en faisait l’équipe au plus petit budget de la Bundesliga. Quand il a fait ses adieux, il était en pleurs, la voix brisée après dix-huit ans dans le même club, dont sept comme coach.

Le grand blond (1,91 m) a ensuite pris la direction du Borussia Dortmund en 2008, remportant deux Bundesliga, deux coupes d’Allemagne et accédant en finale de la Ligue des champions, perdue contre le Bayern Munich. Là encore, la relation avec les supporteurs est fusionnelle. Pour ses adieux en 2015, il enregistre à l’avance son discours, retransmis sur écran géant dans le stade, afin de ne pas s’étrangler dans les sanglots.

« Celui qui est normal »

Quelques mois après son départ de Dortmund, Liverpool l’appelle, en pleine crise. Avec son bilan, mais aussi son caractère, Jürgen Klopp s’impose. Les Reds ne sont pas comme les autres. Leur passé est le plus prestigieux de tous, avec dix-huit titres de champion d’Angleterre et cinq coupes d’Europe, plus qu’aucun autre club anglais.

Klopp sait immédiatement trouver les bons mots. « Liverpool n’est pas un club normal, il est spécial, explique-t-il à son arrivée. J’ai eu deux clubs très spéciaux avec Mainz et Dortmund. Pour moi, venir ici est l’étape suivante parfaite. »

Il évite de jouer les stars. Contrairement à José Mourinho, alors entraîneur de Chelsea, qui s’était vanté d’être « celui qui est spécial » (« the special one »), Klopp se définit comme « celui qui est normal ». Dans son quartier de Liverpool, il est régulièrement aperçu promenant ses chiens ou allant boire une pinte au pub local.

A la Deutsche Welle, il avait confié son secret pour garder les pieds sur terre. « A part voir quelqu’un de ma famille tomber malade, rien n’est tellement important pour moi que j’ai peur de le perdre. La raison profonde de cette soif de vivre est liée à ma foi. Je suis chrétien et je considère que la vie est un cadeau qu’il faut apprécier avec raison. » Croyants ou pas, les supporteurs de Liverpool ont désormais foi en lui.

Liverpool s’interroge sur le sort de Salah, Barcelone perd Dembélé sur blessure

Avant le match retour de la demi-finale de la Ligue des champions, mardi 7 mai, Liverpool et Barcelone ont connu, samedi, des fortunes diverses. Si le club anglais a conservé ses chances de titre national en s’imposant de justesse à Newcastle (3-2) lors de l’avant-dernière journée de Premier League, il a peut-être perdu sa vedette Mohamed Salah, touché à la tête et sorti sur civière. « Il va falloir voir. Il a pris un coup sur la tête. Il a regardé le match des vestiaires, il était OK, mais on doit faire plus d’examens », a déclaré l’entraîneur Jürgen Klopp, qui a, par ailleurs, confirmé que l’attaquant brésilien Roberto Firmino sera absent mardi. De son côté, le Barça a chuté sans conséquence à Vigo (2-0), puisque le club avait déjà été sacré champion de Liga le week-end dernier. Mais il a perdu Ousmane Dembélé, de nouveau blessé. « C’est un contretemps important pour nous », a souligné l’entraîneur barcelonais Ernesto Valverde.