Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a invité les touristes à la plus grande prudence au sud du Sahel, après l’enlèvement de deux Français au Bénin et la mort de deux militaires au cours de l’opération menée pour les libérer. Interrogé sur Europe 1 samedi 11 mai, il a déploré les « risques majeurs » pris par les ex-otages : « La zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs si on y va. »

Pour M. Le Drian, « la plus grande précaution doit être prise dans ces régions pour éviter que de tels enlèvements n’aient lieu et pour éviter des sacrifices de nos soldats » :

« Il faut que tous ceux qui veulent faire du tourisme dans ces pays s’informent auparavant de ce qu’on appelle les conseils aux voyageursmis en place et entretenus régulièrement par le Quai d’Orsay et qui indiquent les zones sûres, celles à petit risque et celles à gros risque. »

La libération des deux touristes français, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, qui avaient été enlevés le 1er mai dans le nord du Bénin puis emmenés au Burkina Faso voisin, alors qu’ils étaient sur le point d’être transférés au Mali, s’est soldée par la mort de deux soldats des forces spéciales françaises dans la nuit de jeudi à vendredi, dans le nord du Burkina.

Le nord du Bénin formellement déconseillé

Sur son site, le ministère des affaires étrangères déconseille formellement aux voyageurs de se déplacer dans l’extrême nord du Bénin, frontalier du Burkina et du Niger, « compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d’enlèvement ». Les attaques djihadistes, concentrées d’abord dans le nord du Mali, se sont étendues vers le centre du pays puis vers le Burkina Faso et menacent désormais les pays côtiers du golfe de Guinée, jusque-là épargnés.

« La menace a changé de forme, elle est devenue beaucoup plus mobile et ce sont maintenant les pays situés au sud du Mali qui sont les cibles, avec des fragilités singulièrement au Burkina Faso mais même dans le nord du Bénin », a relevé Jean-Yves Le Drian samedi. « Il faut maintenir la pression sur ces groupes », a poursuivi le ministre, jugeant l’action de la force française Barkhane « tout à fait essentielle » dans ce contexte.

Cette force antidjihadiste compte 4 500 soldats sur cinq pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie). « C’est vrai que Barkhane n’a pas vocation à rester éternellement dans la zone mais aujourd’hui, le maintien des risques, des menaces, nécessite cette présence », a-t-il estimé.