« Apprentie coiffeuse, je suis partie trois fois en Erasmus »
« Apprentie coiffeuse, je suis partie trois fois en Erasmus »
Andreai, 20 ans, apprentie à Bordeaux, est allé perfectionner sa technique et son anglais dans un salon de coiffure à Cork, en Irlande. Des stages dont elle est revenue transformée.
Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Aujourd’hui, Andreia, 20 ans, apprentie coiffeuse bordelaise partie en stage Erasmus en Irlande.
Andreia a effectué trois stages Erasmus en Irlande, pour huit mois au total. / La Zep
La première fois que je suis partie à Cork, en Irlande, c’était en 2016, pour un stage Erasmus d’un mois dans un salon, dans le cadre de mon CAP coiffure. Ça s’est super bien passé. Tellement bien que je suis repartie un mois là-bas début 2017. J’y suis ensuite retourné pour six mois, dans le même salon, et toujours dans le cadre d’Erasmus.
On était une équipe de douze personnes, j’étais la seule stagiaire et la seule étrangère. Nos plannings étaient surbookés. Mais si quelque chose n’allait pas, on prenait le temps de s’asseoir et de parler tous ensemble, j’ai pu voir ce qu’était un vrai esprit d’équipe.
En Irlande, l’enseignement de la coiffure est différent du nôtre. En France, on apprend à tout faire dès nos premières années : des coupes, des brushings, des couleurs… En Irlande, les apprentis passent plusieurs années à se perfectionner en faisant la même chose. Il leur faut quatre ans, voire plus, pour passer d’apprenti à coiffeur.
Une autre culture de la coiffure
Sur place, j’ai pu m’exercer à de nombreuses techniques qu’en France on n’utilise pas forcément beaucoup : les coupes très courtes et les crânes rasés, l’utilisation de couleurs comme le vert, l’orange ou le bleu. Une autre culture ! Parfois, la patronne organisait des « trainings » pendant une journée ou une soirée pour nous montrer ce qu’elle apprenait lorsqu’elle partait à des conférences de coiffure.
Ce stage en Irlande m’a permis de grandir, car j’ai pu voir que même avec le rush et les difficultés, je pouvais, avec l’aide de tout le monde, m’en sortir. Seule sur place, j’ai dû apprendre à gérer des choses « d’adulte » comme par exemple un budget. Je payais 600 euros pour le loyer et la nourriture et j’avais un peu plus de 700 euros par mois grâce à ma bourse Erasmus et à la bourse du conseil régional (750 euros au total). La patronne me donnait en plus 100 euros par semaine de sa poche. Aujourd’hui, j’ai l’impression de mieux gérer mon budget grâce aux tableaux que j’ai commencé à faire là-bas pour m’organiser.
Six mois dans une vie, on peut se dire que c’est rien, mais au début, j’ai eu peur de la solitude, que ma famille me manque. Au fur et à mesure, je me suis adaptée. Au bout d’un certain temps, j’avais même l’impression de connaître la ville par cœur.
J’avais mes endroits préférés comme le pub Oliver Plunkett. J’adorais aller là-bas, il y avait toujours une bonne ambiance, avec de la musique traditionnelle. Il y avait même des danses typiques du pays, et la nourriture (poulet pané, fish & chips…) était savoureuse. J’ai aussi adoré découvrir le village de Cobh, où se trouve le Musée du Titanic, et Spike Island, une île magnifique qui accueille un site monastique du VIIe siècle. Après avoir visité ces deux endroits, je me suis sentie un peu plus comme une vraie Irlandaise. Moi, qui suis d’origine portugaise !
Ma famille d’accueil, ma deuxième famille
Construire quelque chose en commun avec des habitants d’autres pays, qui ont d’autres cultures ou d’autres habitudes me semble très important. C’est un bonheur total d’apprendre un peu plus chaque jour à propos d’autres personnes.
Ce qui m’a aussi aidée à me sentir chez moi, c’est que j’ai créé des liens forts avec le couple de ma famille d’accueil. Parfois, j’étais au plus bas moralement, mais ils ont toujours su trouver les mots pour me remonter le moral. A Noël, j’ai même été invitée dans leur famille à Ballina, dans le nord de l’Irlande. Aujourd’hui, je les considère comme ma deuxième famille. J’ai gardé contact avec eux, je les appelle régulièrement et ils sont même venus à Bordeaux il y a quelques semaines. C’était comme si on échangeait nos rôles. J’étais leur famille d’accueil et je leur faisais découvrir ma belle ville.
Pour l’instant, je travaille en CDD dans un salon de coiffure à Bordeaux, dans le cadre de la préparation de mon brevet professionnel. Des liens comme ceux que j’ai créés en Irlande, ça vous marque pour la vie. J’espère que dans quelques années je pourrai retourner là-bas, cette fois-ci pour y travailler en tant que coiffeuse confirmée.
La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. / ZEP
La Zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-30 ans
La Zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.
Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.