Le français Parrot espère vendre ses drones à l’armée américaine
Le français Parrot espère vendre ses drones à l’armée américaine
Par Jean-Michel Normand
En difficulté, la société mise sur les usages professionnels, en particulier dans le bâtiment, la surveillance et la sécurité.
Lors de la présentation d’un drone Parrot, en janvier 2016, au Consumer Electronics Show de Las Vegas. / Rick Wilking / REUTERS
C’est une bonne nouvelle. Et le numéro un européen des drones grand public n’en avait pas enregistré depuis longtemps. Parrot a annoncé, mardi 28 mai, avoir été retenu par l’armée américaine dans le cadre d’un projet destiné à mettre au point une nouvelle génération de drones de reconnaissance de courte portée. La société française, qui a enregistré une perte d’exploitation de 111 millions d’euros en 2018, égale à son chiffre d’affaires, fait partie d’un groupe de six entreprises retenues dans le cadre d’un appel d’offres lancé en novembre 2018. Les cinq autres sociétés (Altavian, Skydio, Teal Drones, Vantage Robotics et Lumenier) sont américaines.
Le futur drone, d’une portée de trois kilomètres, disposera d’une autonomie de trente minutes. Son poids ne pourra excéder 1,3 kg et il devra avoir été mis au point début 2020. Le projet dispose d’un budget de 11 millions de dollars (9,8 millions d’euros). Parrot, qui, avec son drone Anafi, lancé en 2018, dispose d’une base technique éprouvée et peut compter sur le savoir-faire de ses filiales spécialisées dans l’imagerie et l’analyse des données, n’est pas assuré de remporter la mise. Celle-ci ne devrait, en tout état de cause, pas dépasser quelques millions d’euros. Mais le seul fait d’avoir été retenu comme un fournisseur potentiel par l’armée américaine est considéré par l’entreprise française comme « une belle marque de confiance », susceptible de conforter son récent virage stratégique. Confrontée au brusque effondrement du marché des drones de loisir, la société créée par Henri Seydoux mise désormais sur les usages professionnels, en particulier dans le bâtiment, la surveillance et la sécurité.
Bonne image outre-Atlantique
En franchissant cette première étape, Parrot peut envisager d’autres contrats, alors que les autorités américaines ont décidé de bannir les drones chinois des appels d’offres publics. Le 10 mai, le département de la sécurité intérieure a publié une alerte mettant en exergue « le risque potentiel en matière de données » lié à l’utilisation par des agences gouvernementales de drones conçus par des sociétés chinoises. Cette défiance ouvertement formulée vise DJI, le numéro un mondial des drones civils, qui contrôle 70 % du marché mondial.
Dans un contexte de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, Parrot peut espérer tirer son épingle du jeu. Ses drones de loisir disposent d’une bonne image outre-Atlantique et le constructeur a fourni des aéronefs sans pilote à l’armée française. Ils ne conservent pas leurs données, mais les transfèrent dans des data centers directement gérés et contrôlés par le client militaire. D’autant que, dans le domaine militaire, les Etats-Unis n’hésitent pas à solliciter des fournisseurs européens pour disposer de drones.
Ainsi, le Black Hornet, un nanodrone de combat qui équipe les fantassins de l’armée américaine, a été conçu par les Norvégiens de Prox Dynamics, filiale de FLIR, société américaine spécialisée dans la fabrication de caméras infrarouges thermiques. L’armée française vient de passer une commande de 77 millions d’euros pour équiper ses troupes avec ce « frelon noir ». Pour sa part, la PME française Drone Volt livre régulièrement aux militaires américains des drones destinés à des opérations de surveillance.
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