Sri Lanka : sous pression après les attentats de Pâques, trois ministres musulmans démissionnent
Sri Lanka : sous pression après les attentats de Pâques, trois ministres musulmans démissionnent
Le Monde.fr avec AFP
Depuis l’attentat djihadiste qui a fait 258 morts le 21 avril, la communauté musulmane est victime d’actes de violence, de discours de haine et de harcèlement, selon ses responsables.
Les ministres musulmans annonçant leur démission à Colombo, le 3 juin. / DINUKA LIYANAWATTE / REUTERS
Six semaines après l’attentat djihadiste qui a tué plus de 250 personnes en pleine messe de Pâques, les attaques contre les musulmans se multiplient dans le pays. Accusés par un moine bouddhiste et parlementaire partisan du président Maithripala Sirisena d’être complices des djihadistes, trois ministres musulmans ont démissionné lundi 3 juin.
Au total, neuf hauts responsables musulmans (ministres, gouverneurs…) ont été contraints de quitter leur poste. A l’appel du moine Athuraliye Ratana, soutenu par le clergé catholique local, des milliers de personnes se sont rassemblées lundi pour demander leur départ.
M. Ratana avait commencé samedi un « jeûne jusqu’à la mort » pour obtenir leur limogeage. Après les deux premières démissions, le moine a mis fin à son jeûne et a été emmené en ambulance pour traitement médical. Il accuse des politiques musulmans d’avoir soutenu les djihadistes qui ont causé un carnage le dimanche 21 avril en se faisant exploser dans des églises en pleine messe de Pâques et des hôtels de luxe, tuant 258 personnes. L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué ces attentats, perpétrés par un groupe local.
Un mort dans des émeutes antimusulmans
Les revendications du moine sont appuyées par le moine extrémiste Galagoda-Atte Gnanasara, tout juste sorti de prison à la faveur d’une grâce présidentielle et accusé de longue date d’incitation à la haine contre la minorité musulmane.
Le responsable de l’Eglise catholique dans l’île, le cardinal Malcolm Ranjith, s’est également rendu lundi à Kandy pour exprimer sa solidarité avec le mouvement. « Nous soutenons la campagne du moine car jusqu’ici la justice n’a pas été rendue », a-t-il déclaré à des journalistes.
Le porte-parole du gouvernement a dénoncé cette attitude : « Le cardinal Malcolm Ranjith attise les flammes de la haine et du communautarisme (…). PRENEZ NOTE le Vatican ! », a dénoncé sur Twitter Mangala Samaraweera, également ministre des finances.
Pour les responsables musulmans, leur communauté, qui représente 10 % de la population du Sri Lanka, a été victime d’actes de violence, de discours de haine et de harcèlement depuis les attentats. Des émeutes antimusulmans avaient secoué plusieurs villes au nord de la capitale, tuant un musulman et dévastant des centaines d’habitations, commerces et mosquées.