Coupe du monde féminine : l’âge donne raison aux Brésiliennes
Coupe du monde féminine : l’âge donne raison aux Brésiliennes
Par Lætitia Béraud (Grenoble, envoyée spéciale)
A l’expérience, les Brésiliennes ont surclassé (3-0) les novices jamaïcaines dimanche à Grenoble. Un large succès qu’elles doivent à leurs cadres : l’attaquante Cristiane, à créditer d’un triplé, mais aussi la milieu Formiga et la gardienne Barbara.
Cristiane a porté le Brésil à bout de bras, dimanche 9 juin à Grenoble. / DENIS BALIBOUSE / REUTERS
Même sans Marta, considérée comme l’une des meilleures joueuses au monde mais blessée, même avec une équipe vieillissante, le Brésil sait marquer et gagner. C’est le message envoyé par les Canarinhas après ce premier match de groupe, dimanche 9 juin à Grenoble, et cette victoire 3-0 contre les Jamaïcaines qui disputaient le tout premier match de leur histoire dans la compétition. Un large succès acquis sur un triplé d’une revenante, Cristiane.
Après une série de neuf défaites en matchs amicaux cette année, l’équipe du Brésil n’apparaît pas parmi les favorites de ce Mondial. La Seleçao, toujours présente en Coupe du monde féminine depuis sa création en 1991, se présente cette année avec la deuxième équipe la plus âgée du tournoi. Un avantage pour ce premier match de poule où les cadres historiques ont assuré face à l’équipe la plus jeune de cette Coupe du monde, la Jamaïque, qui affiche une moyenne d’âge de 23 ans et 7 mois.
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Triplé pour Cristiane, la revenante
Dire que l’état de forme de Cristiane, 34 ans, soulevait des inquiétudes avant le match... De retour de blessure pour disputer sa cinquième Coupe du monde, l’attaquante de Sao Paulo a finalement réussi son retour avec trois gestes de grande classe pour offrir la victoire aux siennes. Un triplé qui porte à 141 buts son total en équipe nationale. D’abord une tête impeccablement placée au quart d’heure de jeu ; puis une frappe forte au second poteau à la 50e, les deux fois sur des centres d’Andressa ; et, enfin, un coup franc puissant à l’entrée de la surface à l’heure de jeu.
« C’était un nouveau début pour moi », glisse après la rencontre l’ex-joueuse du Paris-Saint-Germain, qui avait renoncé à la sélection en septembre 2017 et qui est revenue seulement à la fin de 2018 pour gagner la Copa America.
Autre atout des Brésiliennes, l’infatigable Formiga est devenue, à 41 ans et 98 jours, la joueuse la plus âgée de l’histoire de la Coupe du monde féminine. L’ex-Parisienne du PSG qui disputait son septième Mondial, était de toutes les actions, sauvant plusieurs fois ses coéquipières sur les assauts répétés des Jamaïcaines, menées par leur jeune attaquante Khadija « Bunny » Shaw.
Shaw - Formiga, le choc des générations
Les deux se sont retrouvées en même temps aux micros des journalistes après la rencontre. « Elle est impressionnante », reconnaît Formiga après le match en jetant un œil à la Jamaïcaine, juste à côté d’elle. Alors que Shaw découvre la Coupe du monde cette année en France, Formiga a connu sa première en 1995, deux ans avant la naissance de « Bunny ».
La future joueuse de Bordeaux n’a pas rendu la partie facile à la Seleçao, gagnant plusieurs duels, et provoquant deux cartons jaunes distribués à Formiga et Daiane. Bien aidée par sa carrure imposante, la Jamaïcaine d’1,80 m s’est même créé plusieurs occasions. Toutes arrêtées par une autre cadre brésilienne, la gardienne Barbara, 31 ans, qui dispute sa quatrième Coupe du monde et qui a sauvé plusieurs de ses tirs.
« C’est notre premier match de Coupe du monde, on a tout donné, maintenant que c’est fait, on pourra arriver plus relax au prochain match », confie la jeune femme de 22 ans après la rencontre. Si le manque d’expérience a fait défaut aux « Reggae girlz », elles ont impressionné par leur physique et leur jeune gardienne, Sydney Schneider, a marqué les esprits.
Le score aurait pu être plus sévère sans ses sauvetages. A 19 ans à peine, la joueuse de l’Université de Caroline de Nord, en championnat universitaire américain, a remporté plusieurs duels face aux Brésilienns. Et même stoppé un penalty d’Andressa en début de rencontre.
La maladresse des « Canarinhas », de ce point de vue, est inquiétante. « Je pense que les joueuses auraient pu mieux faire dans le dernier geste, nous aurions pu plus marquer », regrette l’entraîneur brésilien, Vadao, après la rencontre. En défense non plus, le Brésil n’a pas été des plus rassurants et s’est égaré plus d’une fois, comme s’il cherchait encore à remplacer ses cadres blessées avant même l’entame du tournoi (Rafaelle, Benittes et Erika manqueront tout le Mondial).
Contre la Jamaïque, ce fut sans dommage. Mais l’issue pourrait être plus douloureuse contre les prochaines adversaires de ce groupe C : dans l’autre match, les Italiennes ont surpris l’Australie (2-1), pourtant sixième au classement mondial de la FIFA.