Netflix, à la demande, série

Cette nouvelle minisérie, adaptée des romans d’Armistead Maupin, Tales of the City (Les Chroniques de San Francisco, collection 10/18), se place dans la continuité des trois saisons précédentes (1993-2001). On la comprendra mieux en ayant lu les livres ou vu ces dernières (disponibles en édition Blu-ray).

Après un début prometteur et une audace de ton, de propos et d’images (personnage transgenre, sexe homoérotique, nudité frontale, drogue) qui mirent en fureur les ligues morales nord-américaines, la suite s’est enfoncée dans le grotesque, filmée au Canada en décor de toc et jouée comme dans une vulgaire telenovela.

Autre problème : les acteurs ont beaucoup changé. Murray Bartlett (vu dans Looking, autre série LGBTQ sise à San Francisco) incarne « Mouse », après deux autres acteurs. De sorte qu’on est étonné que Mary Ann (incarnée chaque fois par Laura Linney) le reconnaisse quand elle revient à Barbary Lane, vingt ans plus tard.

Lire la critique de « The Untold Tales of Armistead Maupin »  : Chronique d’une vie

Paul Gross, le Brian de la saison 1, avait laissé la place à un bellâtre permanenté. Mais le voici de nouveau dans ce revival. Mrs Madrigal (Olympia Dukakis), cheveu blanc et moins alerte, règne toujours sur la maison où elle accueille désormais une jeune génération LGBTQ.

Emouvante mais délayée

Chaque lettre – et tout ce qui fluctue entre transgenre et non binaire – a droit à son représentant. De sorte que – et c’est parfois à la limite du ridicule – Tales of the City s’apparente à un catalogue de La Redoute des sexualités et genres contemporains. On aura en revanche trouvé très intéressant l’entrechoc des discours générationnels.

Ainsi, au cours d’un dîner de folles chics et aisées, l’un des convives emploie un mot désormais interdit par la police du lexique LGBTQ : tranny (« travelo »). Le jeune ami de Mouse (Charlie Barnett, vu dans Russian Doll) s’en offusque. Ce qui lui vaut une volée de bois vert de la part d’un sexagénaire qui lui rappelle que la liberté dont il jouit est le fruit de rudes combats et d’innombrables morts.

On aime Tales of the City pour cela – et pour quelques autres moments émouvants et éloquents. Si elle fait vibrer une corde nostalgique chez ses aficionados, la série n’en demeure pas moins imparfaite, délayée et de nouveau grotesque dans ses moments de comédie.

Les Chroniques de San Francisco | Teaser [HD] | Netflix
Durée : 01:17

Tales of the City, saison 4, série créée par Lauren Morelli. Avec Olympia Dukakis, Laura Linney, Murray Bartlett, Ellen Page (EU, 2019, 10 × 46-60 min). www.netflix.com/fr/title/80211563