Jacques Brunel, le 18 juin à La Défense, au siège de la Société générale,  lors de l’annonce des 37 joueurs pour préparer le Mondial. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

Jacques Brunel a donc fait son appel du 18 juin. Mardi, le sélectionneur du XV de France a convoqué ses troupes pour préparer la prochaine Coupe du monde au Japon, qui doit se tenir du 20 septembre au 2 novembre. Sa liste a de quoi étonner. Ou plutôt : de quoi confirmer l’étonnement qui prévaut depuis sa prise de fonction, en décembre 2017, après le licenciement de Guy Novès.

Brunel renvoie une impression dont il se passerait bien : comme une improvisation permanente, une hâte perpétuelle. Voilà qu’à trois mois de la Coupe du monde, Mathieu Bastareaud, pourtant vice-capitaine encore cette année, a soudain disparu du groupe. Le nom du trois-quarts centre n’apparaît ni dans les 31 qui partiront pour le Japon, ni dans les 6 suppléants appelés au cas où pour la préparation.

Mardi, Jacques Brunel se trouvait seul au pupitre pour expliquer ses choix devant la presse venue sous les tours de La Défense, dans un auditorium de la Société générale, l’un des principaux sponsors du XV de France.

Alors l’ancien entraîneur de l’Italie a parlé. Promis, il a pris la décision d’écarter Bastareaud en conscience. Au nom de « la concurrence » et en particulier de l’excellente saison du Toulousain Sofiane Guitoune, devenu champion de France avec son club à peine trois jours plus tôt, qui revient en sélection après une dernière apparition datant… de 2015. Au nom, également, d’une préoccupation tactique, presque philosophique : privilégier les profils de joueurs mobiles plutôt que ceux plus lourds – le pilier Uini Atonio, également écarté, en étant un second exemple.

En somme, il s’agit favoriser un « jeu de mouvement ». Propos louable, qui laisse d’autant plus regretter les précédents matchs du XV de France : sept défaites sur les dix derniers matchs et, surtout, aucune ligne directrice, aucun plan de jeu lisible.

Onze joueurs à cinq sélections ou moins

Ces préoccupations d’un rugby plus mobile rappellent surtout celles de Fabien Galthié, qui a déjà eu l’occasion d’en faire part dans ses commentaires pour L’Equipe ou pour France Télévisions. Sans club depuis son départ contraint de Toulon, le consultant va rejoindre l’encadrement du XV de France dès cet été en tant qu’adjoint de Brunel. Avant de lui succéder au rang de sélectionneur, dès la fin de l’année, à l’issue de la Coupe du monde au Japon.

Galthié n’a pas « souhaité peser sur la décision », assure pourtant Brunel. Même chose à propos de Laurent Labit, l’autre nouvel adjoint de dernière minute, qui arrive tout droit du Racing.

On peut difficilement soupçonner Fabien Galthié, en revanche, d’avoir milité pour la présence de Geoffrey Doumayrou dans le groupe : le technicien est en très mauvais termes avec le centre du Stade rochelais depuis que les deux se sont côtoyés du côté de Montpellier, jusqu’en 2012.

En seize matchs avec les Bleus, Jacques Brunel a déjà eu l’occasion de procéder à une large revue d’effectif. Le sélectionneur a malgré tout annoncé, en vue du Mondial, la sélection de quatre joueurs démunis de la moindre expérience avec le XV de France.

Après s’être affrontés en finale du championnat de France, le talonneur Peato Mauvaka (Toulouse) et l’ailier Alivereti Raka (Clermont) intègrent le groupe des 31, de même que le pilier Emerick Setiano (Toulon). L’autre novice, le troisième ligne François Cros (Toulouse), rejoint les réservistes.

Le quotidien L’Equipe a déjà fait les comptes : 11 des 37 joueurs comptent à peine cinq matchs ou moins en équipe nationale. Outre les quatre joueurs précités, citons aussi Grégory Alldritt, Romain Ntamack, Sofiane Guitoune, Thomas Ramos, Etienne Falgoux, Paul Willemse et Vincent Rattez.

A l’opposé, seuls cinq joueurs comptent 50 sélections ou plus : Rabah Slimani, le capitaine Guilhem Guirado, Louis Picamoles, Yoann Huget et Maxime Médard.

Autre motif d’inquiétude : selon Brunel, le pilier droit Demba Bamba, opéré des cervicales, devrait être opérationnel « juste à la fin » de la préparation du XV de France pour la Coupe du monde. Soit à la fin août, au terme des trois matchs de préparation (deux contre l’Ecosse, un contre l’Italie). Convalescence un peu moins longue mais tout de même significative pour Arthur Iturria, touché à la cuisse gauche juste avant la récente finale du championnat : le troisième ligne de Clermont observera un éloignement des terrains pendant « cinq à six semaines ».