La semaine où la droite a perdu ses derniers oripeaux
La semaine où la droite a perdu ses derniers oripeaux
Par Françoise Fressoz
Le renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel ébranle davantage le parti Les Républicains après son mauvais score aux élections européennes du 26 mai.
La droite républicaine croyait avoir touché le fond, le 26 mai, lorsque la liste Les Républicains (LR), conduite pas François-Xavier Bellamy, s’est retrouvée sensiblement en dessous de la barre des 10 %, son plus mauvais score sous la Ve République. A deux années d’intervalle, elle a eu l’impression de vivre le même scénario-catastrophe : fuite des électeurs, démission du chef, panne de ligne. Tout était à reconstruire mais rien n’était encore perdu. Elle se trompait, elle n’avait pas encore bu le calice jusqu’à la lie.
C’est désormais chose faite, au terme d’une semaine horribilis au cours de laquelle elle a vu ses derniers oripeaux partir en lambeaux dans une concomitance d’événements puissamment symboliques. Mardi 18 juin, la Cour de cassation a rejeté l’ultime recours formé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire dite « des écoutes ».
Soupçonné d’avoir tenté d’obtenir des informations secrètes auprès d’un haut magistrat dans une procédure concernant la saisie de ses agendas en marge de l’affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy devrait comparaître dans les prochains mois devant un tribunal correctionnel pour corruption. Une première pour un ancien président de la République, un coup dur pour « le parrain » de la droite, qui, à défaut de pouvoir revenir au premier plan, aimait tirer les ficelles en coulisse.
Nostalgie
Pour les militants de LR, « Sarko » était la dernière idole, celui qui, en 2007, avait réussi à faire vibrer toutes les cordes de son camp sur les décombres du chiraquisme. Malgré ses mises en examen et son retour raté en 2016, il restait l’incarnation d’une période magique, celle au cours de laquelle l’UMP était parvenue à incarner le renouveau de la vie politique française. Mais, cette fois, le « parrain » est atteint. Ses proches sentent le soufre, les époux Balkany sont en procès, et aux yeux mêmes de la droite, les années Sarkozy ne font plus rêver.
La nostalgie, ces derniers jours, a pris un autre visage : celui de Georges Pompidou. Jeudi 20 et vendredi 21 juin, un colloque à Paris était organisé pour célébrer le cinquantième anniversaire de son élection avec deux témoins annoncés – Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy – mais c’est Emmanuel Macron qui, mercredi, a capté l’héritage. Depuis l’Elysée, le président a rendu hommage au président des « trente glorieuses », voyant en lui l’incarnation d’« une modernité de conquête » capable de « penser à la fois vieille France et nouvelle France ».
C’est comme si un passage de relais s’opérait naturellement entre le pompidolisme et le macronisme par la seule grâce de la modernité. Après cela que reste-t-il à la droite ? Rien, pas même quelques sous.
La semaine dernière, Brigitte Macron a pris la présidence de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France qui collecte les pièces jaunes au profit des enfants hospitalisés. C’est Bernadette Chirac en personne qui a suggéré le nom de la première dame pour lui succéder. La boucle est bouclée.