Prison ferme pour les responsables de la mort d’Issa Koné, fixeur pour journalistes en Côte d’Ivoire
Prison ferme pour les responsables de la mort d’Issa Koné, fixeur pour journalistes en Côte d’Ivoire
Le Monde.fr avec AFP
Le fixeur de 38 ans est mort de graves blessures au crâne et à la mâchoire après s’être « accroché au véhicule des policiers » qui démarrait, lors d’un contrôle routier nocturne.
La mort d’Issa Koné, fixeur – des guides locaux qui font office d’interprète, de protecteur et d’aide pour trouver les bons interlocuteurs auprès des journalistes –, avait ému la profession. Après l’émotion, place à la justice. Les deux policiers responsables de son décès ont été condamnés, vendredi 21 juin, à six et douze mois de prison par le tribunal militaire d’Abidjan.
Agé de 38 ans, Issa Koné est décédé le 15 décembre 2018 à Abidjan lors d’un contrôle routier nocturne. Selon les débats au tribunal, il est mort de graves blessures au crâne et à la mâchoire après s’être « accroché au véhicule des policiers » qui démarrait après lui avoir saisi son permis de conduire.
« C’est trop peu [les peines]. Les conseils des accusés ont mené le tribunal en bateau, et les juges se sont laissés berner », a affirmé Kaboul Douma, l’avocat de la famille, qui n’a pas pu se porter partie civile en raison de la procédure du tribunal correctionnel militaire. Il a vainement tenté de faire requalifier les faits en « homicide voire meurtre ». Selon la loi, seuls le parquet ou les accusés peuvent contester la décision.
Diverses versions des faits
Le policier qui se trouvait au volant, Yves Martial Bekrou, a été condamné à douze mois de prison pour « défaut de maîtrise, homicide involontaire, omission de porter secours et violation de consigne » alors que son collègue, Gervais Goudi Dayoro, a lui écopé de six mois de prison pour les deux derniers chefs d’accusation.
Les débats n’ont pas apporté la lumière sur les faits, les deux accusés donnant des versions floues. Les policiers ont affirmé avoir entendu « un bruit » en quittant les lieux puis avoir aperçu le corps d’Issa Koné sur le sol. Ils affirment ne pas lui avoir porté secours par peur « d’un lynchage ». Les dépositions de plusieurs témoins donnent une version différente. « Ça doit être nous. Il n’y avait personnes d’autre (…) C’est un malheur », a tout de même admis le sergent Dayoro.
Réputé pour son sang-froid, Issa Koné avait, selon de nombreux témoignages de journalistes, passé des dizaines de check-points dans des situations périlleuses.