Sylvain Ripoll, sélectionneur de l’équipe de France Espoirs / MIGUEL MEDINA / AFP

Il y a d’abord eu la qualification pour l’Euro 2019. Une première depuis 2006. Et maintenant, il y a ce ticket pour les Jeux olympiques de 2020, à Tokyo, décroché lundi 24 juin, à l’issue du troisième match de la phase de poule de ce même Euro. Une autre première. Depuis… 23 ans celle-là, la dernière participation au tournoi olympique datant de 1996. Avec l’obtention de ces deux « sésames », c’est quasiment un sans-faute que réalise Sylvain Ripoll depuis sa nomination, en mai 2017, comme sélectionneur de l’équipe de France Espoirs (moins de 21 ans) de football. Jeudi soir, cette dernière affronte l’Espagne pour une place en finale de l’Euro.

Un tel parcours n’avait rien d’évident. Ses prédécesseurs, Eric Mombaerts, Willy Sagnol, Pierre Mankowski s’étaient cassé les dents avec les générations précédentes de « Bleuets ». Pour en arriver là, Sylvain Ripoll, 47 ans, a posé ses marques. Imposé ses choix. Pas hésité à écarter certains joueurs. Jean-Kévin Augustin par exemple. En septembre 2018, le sélectionneur a décidé d’exclure de son groupe l’attaquant du club allemand du RB Leipzig, suite à une altercation après un match amical.

Déçu de sortir à la mi-temps, Augustin lui aurait lancé : « Toi, ne me parle pas » devant toute l’équipe. « On avait une feuille de route, que j’avais communiquée aux joueurs, avait alors expliqué Sylvain Ripoll. Jean Kévin, par son comportement, a franchi la ligne rouge ».

Avec ce choix fort, le sélectionneur se passait toutefois d’un joueur ayant été champion d’Europe avec l’équipe de France des moins de 19 ans, élu meilleur joueur et meilleur buteur du tournoi. Cela n’empêchera pas l’équipe de survoler la campagne de qualification pour l’Euro, avec neuf victoires et un match nul en dix rencontres.

Lorient, sa base

Autre décision tranchée : le 22 mai, une absence de taille est relevée à l’occasion de l’annonce de la liste des 23 Bleuets devant participer à l’Euro, celle d’Abdou Diallo, qui avait porté le brassard de capitaine durant la phase de qualification. Sylvain Ripoll a choisi de ne pas retenir le défenseur central du club allemand de Dortmund parce que celui-ci va se faire opérer le 24 mai.

Cette « micro-opération », qui n’aurait pas pu avoir lieu à une autre date selon l’intéressé, n’a pas été du goût du sélectionneur : « Il ne sera pas disponible avant la mi-juin. J’estimais que cette situation n’était pas possible, pas envisageable avec la compétition de très haut niveau qui nous attend. C’est pour cela que je n’ai pas fait appel à lui. »

Pour pallier l’absence de Diallo, Sylvain Ripoll s’est appuyé sur Dayot Upamecano et Ibrahima Konaté, qui évoluent tous les deux à Leipzig. Avec un seul but encaissé en trois matches de poule de l’Euro, la France possède pour l’instant la meilleure défense du tournoi. Résultat, sans vraiment convaincre, les Bleuets se retrouvent en demi-finales.

Avant de rejoindre les Bleuets, Sylvain Ripoll avait appris les rudiments du métier d’entraîneur au FC Lorient, club où il a également évolué comme joueur. Formé au Stade Rennais, capable d’évoluer au milieu de terrain ou sur le côté droit de la défense, il a passé quatre années en Bretagne avant de partir en prêt au Mans pendant un an.

C’est en 1995 qu’il rejoint le FC Lorient, alors entraîné par Christian Gourcuff. Il est vice-champion de France de division 2 en 1998 et retrouve la division 1 pour une saison. De retour en division 2, il est de nouveau vice-champion de France en 2001.

Mais à 32 ans, quelques mois après une grosse blessure aux ligaments croisés du genou, Ripoll met un terme à sa carrière. Il aura disputé 54 matches en division 1 et 238 rencontres en division 2.

Jeune entraîneur à fort caractère

Ripoll devient alors entraîneur adjoint de Christian Gourcuff, de retour au club après un passage à Rennes et un exil au Qatar. Ensemble, ils dirigeront plus de 400 matches durant onze saisons (trois en Ligue 2 puis huit en Ligue 1).

Leur relation se complique petit à petit et le légendaire coach lorientais refuse de prolonger. Sylvain Ripoll est nommé entraîneur du club le 25 mai 2014. Il parvient à maintenir le club en Ligue 1 lors de sa première saison sur le banc lorientais.

Mais la deuxième est beaucoup plus compliquée. Après huit revers en dix journées, Loic Féry, président du club, décide de remercier le coach des Merlus, le 23 octobre 2016. La fin de plus de 20 ans de vie commune. C’est son adjoint, Franck Haise qui va assurer l’intérim. Contacté, ce dernier n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Après son licenciement, Ripoll déclarait : « Je vais prendre du temps pour aller voir travailler les autres entraîneurs. Je me disais toujours, en activité, que c’était quelque chose que j’aimerais bien faire ».

Du temps, il n’en aura pas pris beaucoup. A peine huit mois après la fin de son aventure à Lorient, il était nommé sélectionneur de l’équipe de France Espoirs, le 11 mai 2017. Mais du temps, il en a désormais un peu devant lui. Toujours avec les Bleuets : son contrat a été prolongé de deux ans fin mai, par la Fédération française de football.