Coupe du monde 2019 : Les Bleues pas aidées par l’arbitrage vidéo
Coupe du monde 2019 : Les Bleues pas aidées par l’arbitrage vidéo
Par Maxime Goldbaum
L’équipe de France aurait pu bénéficier d’un penalty en fin de rencontre face aux Etats-Unis mais l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) n’est cette fois pas intervenue.
La défenseuse française Amel Majri réconfortée par Alex Morgan. / LIONEL BONAVENTURE / AFP
Un problème ? Quel problème ? Pierluigi Collina, président de la commission des arbitres de la FIFA, était resté droit dans ses bottes, mercredi 26 juin, à Paris au moment de défendre la VAR, l’assistance vidéo à l’arbitrage, pourtant très largement critiquée pour son utilisation excessive et souvent incohérente depuis le début de la Coupe du monde. Les Bleues en ont fait l’amère expérience, vendredi au Parc des Princes, lors de leur élimination en huitièmes de finale face aux Etats-Unis.
A la 85e minute, les joueuses de la sélectionneuse Corine Diacre, menées 2 à 1 par les « Yanks », poussent pour égaliser. Amel Majri récupère le ballon sur son côté gauche et adresse un centre qui vient heurter le bras, très légèrement décollé du corps, de la défenseuse Kelley O’Hara. Les Françaises se précipitent vers l’arbitre ukrainienne Kateryna Monzul qui laisse le jeu se dérouler.
« La VAR ne peut pas être aveugle »
Devant l’inflation d’interventions de la VAR et du nombre de penalties sifflés depuis le début de ce Mondial (23 contre 22 lors de l’édition 2015, 4 en 2011 et 8 en 2007, sur toute la compétition), tout le monde s’attend à ce que le jeu soit arrêté pour vérifier cette action litigieuse. Il n’en est rien. Danny Makkelie, l’arbitre vidéo présent en régie, ne signale pas cet incident à l’arbitre, estimant sans doute que le geste était involontaire et le bras pas suffisamment décollé du corps. Quelques minutes plus tard, la France est éliminée de son Mondial.
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« La VAR ne peut pas être aveugle, on ne peut pas l’ignorer. Si vous avez un outil qui vous offre la possibilité de vérifier, vous devez vérifier. » Les mots de Pierluigi Collina doivent encore résonner aux oreilles des Bleues qui ont peu goûté cette décision arbitrale, d’autant qu’une action sensiblement similaire avait précipité la chute du Japon face aux Pays-Bas en huitièmes de finale après une main sifflée contre Saki Kumagai à la 89e minute. Une question d’interprétation.
Longtemps abasourdies sur la pelouse du Parc des Princes après le coup de sifflet final, les Bleues s’interrogeaient sur le manque de cohérence de ce dispositif « On a la VAR et on me dit qu’il y a une main dans la surface. C’est difficile parce qu’à certains matches, cette faute on la siffle et dans d’autres, on ne la siffle pas. », a résumé la défenseuse latérale Marion Torrent après la rencontre. « Je ne dis pas qu’il faut gagner avec la VAR mais il me semble qu’il y a main, je ne comprends pas », a de son côté pesté l’attaquante Eugénie Le Sommer.
Paradoxalement, cette incompréhension tient surtout au fait que la VAR, omniprésente depuis le début de cette compétition, est cette fois restée muette. Selon les chiffres fournis par la FIFA, 441 situations avaient été vérifiées par l’équipe d’assistance en régie lors des 44 matchs disputés depuis le début de la compétition. Pour les hommes, lors de la Coupe du monde en Russie en 2018, seuls 335 faits de jeu avaient été vérifiés après 48 matchs.
« On pourrait débattre toute la nuit. A quoi ça servirait ? »
Les puristes, eux, pourront se satisfaire que cette main involontaire de Kelley O’Hara n’ait pas été sifflée, d’autant qu’Amel Majri semble tirer volontairement vers le bras de son adversaire, à l’image de ce qu’avait fait l’attaquant de Liverpool Sadio Mané en finale de la Ligue des champions face à Moussa Sissoko. Le penalty avait été alors été accordé.
La défaite face aux Américaines n’est pas imputable à cette seule décision controversée tant l’écart entre les deux équipes est encore important. Un but a également été refusé aux joueuses de Jill Ellis, alors qu’elles menaient 2 à 0, pour un hors-jeu de quelques centimètres, difficilement détectable par l’œil humain, mais qui, dans « l’esprit du jeu », était valable.
En conférence de presse, la sélectionneuse des Bleues Corine Diacre n’a d’ailleurs pas souhaité s’attarder sur ce fait de match : « Ecoutez, on pourrait débattre toute la nuit. A quoi ça servirait ? Est-ce qu’on doit s’arrêter là-dessus ? Je ne pense pas. »
Le débat autour de la lisibilité et de cohérence de ce dispositif, qui a également changé la façon de vivre un match, se fait pourtant nécessaire tant les polémiques autour de l’arbitrage ne cessent de fleurir. Tout ce que la VAR était censée corriger.