Le président malgache, Andry Rajoelina à Antananarivo, le 29 avril 2019. / MAMYRAEL / AFP

Les exploits des Zébus à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) ont quelque peu éclipsé la nouvelle dans la presse locale. Mardi 2 juillet, la Haute-Cour constitutionnelle (HCC) de Madagascar a pourtant mis fin à deux longues semaines d’attente en confirmant la victoire absolue de la plateforme présidentielle rassemblée au sein de l’IRD aux élections législatives du 27 mai. Elle a rejeté presque intégralement les quelque 680 requêtes mettant en cause le scrutin. Le nouveau président Andry Rajoelina, élu en janvier, débute donc son mandat avec l’assurance d’avoir les coudées franches à l’Assemblée pour dérouler le programme promis aux Malgaches pendant la campagne.

Quant au Sénat, faute d’avoir pu obtenir l’aval de la HCC pour organiser un référendum devant se prononcer sur sa suppression, M. Rajoelina avait décidé dès le mois de mai de ramener le nombre de ses membres de 63 à 18. « Le président reçoit un chèque en blanc pour cinq ans, explique Toavina Ralambomahay, analyste politique indépendant et auteur de l’ouvrage Le Statut de l’opposition, un mal nécessaire. Il rafle la majorité absolue malgré un taux d’abstention très fort. Et il n’a face à lui aucun vis-à-vis structuré, ni projet de société alternatif. » Cette majorité devrait en outre offrir une stabilité parlementaire qui a tant fait défaut à son prédécesseur, Hery Rajaonarimampianina.

Taux d’abstention de 60 %

Selon les résultats définitifs, l’IRD obtient 84 sièges sur 151 à l’issue d’un scrutin marqué par un taux d’abstention atteignant 60 %, selon la Commission nationale électorale indépendante (CENI). Les candidats indépendants recueillent 46 sièges et le parti TIM dirigé par l’ancien chef de l’Etat, Marc Ravalomanana et adversaire de M. Rajoelina au second tour de la présidentielle, seulement 16. Le TIM entend cependant jouer son rôle d’opposant et s’est en tout cas déclaré comme tel mardi. Ce statut de parti d’opposition lui permettra de bénéficier de financements officiels, selon M. Ralambomahay. Un avantage à ne pas négliger au lendemain d’élections où les fortunes respectives des candidats semblent avoir eu autant de poids que leurs idées.

Christian Ntsay conservera-t-il son poste de premier ministre ? Issu des rangs du Mapar, le parti d’Andry Rajoelina, il satisfait à la règle constitutionnelle selon laquelle il revient au groupe majoritaire à l’Assemblée de proposer le nom du chef du gouvernement. Il avait été nommé par M. Rajaonarimampianina en juin 2018 pour sortir de la crise constitutionnelle menaçant de le destituer. Christian Ntsay, avec son gouvernement d’union, avait pour mission de mener le pays jusqu’à l’élection présidentielle. Reconduit par M. Rajoelina juste après son investiture, il peut déjà être crédité des premières mesures adoptées comme la hausse du salaire minimum à 200 000 ariarys (49 euros) ou la légère baisse du prix des carburants. La date du prochain remaniement où sera révélé le nom du futur premier ministre reste pour l’heure inconnue.

Selon le calendrier imposé par la Constitution, le futur Parlement devrait se réunir le 16 juillet pour désigner son président, qui devrait logiquement lui aussi être issu des rangs de la majorité.