C’est la fin d’un long suspense qui paralysait l’activité du Parlement européen à Strasbourg. Et pourtant, la répartition des postes-clés décidée par les leaders européens, mardi 2 juillet, après trois jours de conclave a provoqué la soupe à la grimace chez les parlementaires, qui élisent leur président ce mercredi.

Ils sont nombreux à avoir accueilli froidement l’idée de confier la présidence de la Commission européenne à Ursula von der Leyen. Parmi les principales critiques, celle du non-respect du processus de Spitzenkandidaten appliqué lors du scrutin européen de 2014. Ce système prévoit, selon les interprétations, que le candidat tête de liste du parti arrivé premier aux élections ou, en tout cas, la tête de liste désignée par les partis européens, accède à la présidence de la Commission européenne.

Or, si les rênes de la Commission européenne ont bel et bien été attribuées au premier groupe du Parlement, les chrétiens-démocrates du Parti populaire européen (PPE), elles n’ont pas été placées dans les mains du candidat désigné par ce groupe avant les élections, l’Allemand Manfred Weber. Après avoir exprimé sa déception devant les journalistes, celui-ci a toutefois déclaré qu’il se rangeait derrière la décision des leaders européens.

Les socialistes et les Verts montent au créneau

Les critiques les plus virulentes ont été lancées par les groupes socialistes et Verts, respectivement deuxième et quatrième groupe en termes d’importance au Parlement. Parmi les Français, Raphaël Glucksmann des socialistes et démocrates (S&D) a affirmé que ce deal était « inacceptable en l’état », tandis que Yannick Jadot chez les écologistes a parlé « d’un casting médiocre, d’un pathétique arrangement entre Merkel PPE, Macron libéraux et Sanchez socialistes ».

« A priori, je ne miserais pas trop sur un soutien des Verts à la présidence de la Commission », a pour sa part confié le Belge Philippe Lamberts, coprésident du groupe Verts/ALE. Car si le Conseil européen est compétent pour proposer un nom à la présidence de la Commission, les eurodéputés doivent quand même approuver cette candidature lors d’un vote à la mi-juillet. Toutefois, les deux groupes sont loin d’obtenir la majorité absolue pour contrer Mme von der Leyen, puisque ensemble, ils totalisent seulement 228 voix sur 751.

Les Verts pourraient en revanche peser de tout leur poids sur l’actuel contrat de coalition que rédigent laborieusement les quatre principaux groupes politiques proeuropéens pour orienter les travaux de la Commission : « Le processus attend d’être relancé (…) Il ne reprendra que quand on aura une réunion avec les autres chefs de groupe au cours de laquelle on recevra l’assurance qu’ils n’ont pas déjà décidé d’accepter le deal du Conseil », précise Philippe Lamberts.

Un Italien ou une Allemande pour présider le Parlement

Dans tous les cas de figure, l’accord auquel sont parvenus les dirigeants européens permet au Parlement de reprendre mercredi 3 juillet sa session plénière constitutive à Strasbourg. Et d’élire son président à lui, à la lumière du paquet décidé par les chefs d’Etat. A priori, la bataille pour ce poste, d’une durée limitée à deux ans et demi, devrait se jouer entre l’Italien David Sassoli pour le groupe socialiste et l’Allemande Ska Keller pour le groupe des Verts.

D’autres postes vont aussi être mis aux voix : les vice-présidences et les postes de questeurs, deux fonctions ayant trait à la bonne gestion du Parlement européen, ainsi que la répartition des députés entre les différentes commissions parlementaires thématiques. S’ensuivra la semaine prochaine la répartition des présidences desdites commissions parlementaires. En l’état, les Verts français seraient pressentis pour obtenir la présidence de la commission du transport et La République en marche, celle de l’environnement. L’ancienne tête de liste de LRM, Nathalie Loiseau, n’a pas totalement disparu du tableau puisqu’elle viserait la présidence de la sous-commission défense.