A Wimbledon, Cori Gauff, plus qu’une tenniswoman en herbe
A Wimbledon, Cori Gauff, plus qu’une tenniswoman en herbe
A 15 ans et trois mois, l’Américaine, révélation du début de tournoi, accumule les records de précocité. Un parcours qui ne doit rien au hasard.
Cori Gauff, 15 ans, après sa victoire (6-4, 6-4) face à Venus Williams, 39 ans, au premier tour de Wimbledon, lundi 1er juillet. / Tim Ireland / AP
Déjà deux victoires en patronne dans le grand tableau du tournoi de Wimbledon à seulement 15 ans et trois mois. Résultat, Cori Gauff a récolté l’étiquette de « nouvelle coqueluche » du circuit et le droit de répondre à un parterre de journalistes à chacune de ses conférences de presse. Mais la joueuse de tennis américaine, 273e mondiale, n’est pas le moins du monde impressionnée, entraînée depuis longtemps par ses parents aux exercices médiatiques. « Je pense que je peux battre n’importe qui. Je suis ici pour gagner », répète-t-elle depuis sa victoire pleine de panache lundi 1er juillet face à Venus Williams (6-4, 6-4), de presque vingt-quatre ans son aînée – l’une de ses deux idoles avec Serena –, ne commettant que huit fautes directes de tout le match.
Mercredi, l’adolescente a enchaîné en balayant la Slovaque Magdalena Rybarikova, demi-finaliste de l’édition 2017 (6-3, 6-3). La native d’Atlanta n’a toujours pas perdu le moindre set sur le gazon londonien, en qualifications comme lors de ses deux matchs dans le tableau principal. Vendredi, au 3e tour, elle affrontera la Slovène Polona Hercog, et est désormais assurée d’intégrer le Top 200 à l’issue du tournoi.
Cori – dite « Coco » – Gauff a été programmée pour gagner. Son père, Corey, ancien basketteur à l’université de Géorgie, s’inspire de Richard Williams, qui a cornaqué ses deux filles pour qu’elles deviennent numéro un mondiales. Avec sa femme, Candy, ex-heptathlonienne à l’université de Floride, ils lui ont transmis l’aversion de la défaite.
Examens scolaires entre deux matchs
Cette qualité sauta aux yeux de Patrick Mouratoglou quand il vit pour la première fois la jeune Américaine, alors âgée de 10 ans, lors d’une semaine de tests dans son académie, alors située dans les Yvelines. L’adolescente, vainqueure de Roland-Garros junior en 2018, à 14 ans et deux mois, fait partie de la vitrine de l’académie, désormais située à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), aux côtés notamment du Grec Stefanos Tsitsipas, 20 ans et 6e mondial.
« Elle avait des qualités athlétiques fantastiques. Certains joueurs savent gagner des matchs mieux que d’autres, et elle a ça. C’est une énorme compétitrice, a résumé Patrick Mouratoglou à l’Agence France-Presse. Elle gère très bien la pression, elle connaît très bien ça. Elle est attendue depuis des années. »
Cori Gauff était déjà la plus jeune joueuse à remporter un tournoi juniors aux Etats-Unis à 10 ans et à atteindre la finale de l’US Open juniors en 2017, à 13 ans et demi. Avec sa victoire en forme de passage de témoin face à Venus Williams, elle est devenue la plus précoce à gagner un match à Wimbledon depuis sa compatriote Jennifer Capriati en 1991 (qui avait atteint cette année-là la demi-finale du tournoi londonien).
La droitière d’1,76 mètre rappelle d’ailleurs, par sa couverture de terrain, sa tonicité et son élasticité, la Venus Williams des jeunes années. Face à la doyenne du tournoi (39 ans), elle a pleuré, « pour la première fois » après une victoire : « La dernière fois que j’ai pleuré c’est quand Ironman est mort dans Avengers », a-t-elle ensuite poursuivi devant les médias, rappelant qu’elle est encore une ado, accro à Instagram et à Netflix. La semaine dernière, en même temps qu’elle devenait la plus jeune joueuse de l’ère Open à s’extraire des qualifications de Wimbledon, elle passait d’ailleurs un examen de sciences.
Cori Gauff meets Roger Federer | 2019 Wimbledon
Durée : 00:18
Adoubée par John McEnroe
« Je serai vraiment très étonné si elle ne devient pas numéro un mondiale avant d’atteindre 20 ans », a estimé John McEnroe, bluffé par son ambition. Tout comme son entraîneur, le Français Jean-Christophe Faurel, à ses côtés depuis le mois d’avril après plusieurs années aux côtés d’Adrian Mannarino. « Même à l’entraînement, il lui faut une petite carotte, expliquait-il le 1er juillet dans L’Equipe. Frapper vingt coups droits d’affilée, ça l’ennuie. En revanche, réussir quinze coups droits dans le carré pour que son père, son sparring et moi fassions dix sauts de kangourou, ça lui plaît. »
Très à l’aise du fond du court, sa joueuse a encore une énorme marge de progression technique, notamment au filet. Bien entourée sur les courts, la révélation du début de tournoi est aussi choyée en dehors… par les sponsors. Ses revenus commerciaux pour l’année 2019 sont estimés à 1 million de dollars. Et si son séjour londonien se prolonge, le chiffre n’a pas fini de grimper.