Grèce : Kyriakos Mitsotakis investi premier ministre
Grèce : Kyriakos Mitsotakis investi premier ministre
Le Monde.fr avec AFP
La formation de droite classique du nouveau chef du gouvernement domine un Parlement où le parti de gauche Syriza de son prédécesseur Tsipras descend à la deuxième place tout en conservant un certain poids.
La page de l’ère Tsipras est maintenant tournée. Au lendemain de sa victoire sans appel aux législatives grecques, le chef de file des conservateurs, Kyriakos Mitsotakis, 51 ans, a été investi premier ministre lundi 8 juillet. Arrivé souriant avec ses trois enfants et son épouse au palais présidentiel, le nouveau chef du gouvernement a prêté serment sur la Bible comme le veut la tradition en vigueur en Grèce, où il n’y a pas de séparation entre l’Eglise et l’Etat. Son prédécesseur athée Alexis Tsipras avait inauguré le serment civil après son élection en 2015.
Le leader conservateur a obtenu près de 40 % des voix avec son parti, Nouvelle Démocratie (ND), aux élections anticipées de dimanche, les premières législatives depuis que la Grèce a échappé à la faillite en 2015. A la Vouli, le Parlement grec, il dispose de la majorité absolue avec 158 sièges sur 300. « Le peuple grec nous a donné un message fort pour changer la Grèce », a déclaré M. Mitsotakis en quittant le palais présidentiel. « Aujourd’hui commence un travail difficile mais je suis absolument sûr que nous serons à la hauteur des événements », a-t-il ajouté.
Kyriakos Mitsotakis s’est ensuite rendu au palais Maximou où s’est déroulée, sans caméras, la passation de pouvoir avec Alexis Tsipras, qui est ensuite sorti par l’arrière du bâtiment sans faire de déclarations. En fin d’après-midi, devraient être annoncés les noms des ministres composant le nouveau gouvernement qui prendront leurs fonctions dès mardi, tandis que, d’après la presse, le premier conseil des ministres aura lieu mercredi.
31,5 % pour Syriza
« C’est une victoire pour l’Europe et pas seulement pour la Grèce », s’est exclamé M. Mitsotakis, perçu comme un réformateur, proche des milieux d’affaires, avant de souligner qu’il avait une majorité claire au Parlement. Il estime que sa victoire est un « message fort pour un changement en Grèce » et promet de mettre en œuvre les changements souhaités par le peuple grec après une décennie de crise.
Dans un télégramme de félicitations, Vladimir Poutine a salué les « traditions séculaires d’amitié, de proximité culturelle et spirituelle » entre la Grèce et la Russie. M. Mitsotakis a également été félicité par Jean-Claude Juncker, le président sortant de la Commission européenne, et par le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Trois ans après avoir repris les rênes de ND, Kyriakos Mitsotakis, héritier d’une grande famille politique, prend ainsi officiellement le relais d’Alexis Tsipras, le leader du parti de gauche Syriza, qui a totalisé 31,5 % des suffrages dimanche. En reconnaissant sa défaite, le plus jeune chef d’un gouvernement grec en cent cinquante ans a promis de rester « actif dans les rangs de l’opposition », même si Syriza ne garde que 86 des 144 sièges qu’il avait dans l’assemblée sortante.
Un nouveau Parlement sans Aube dorée
Pour le journal de gauche I Avghi, « la gauche est bien là ». « Syriza reste fort », affirme le Journal des rédacteurs, classé à gauche. Pour sa part, le quotidien I Kathimerini relève que le parti de gauche, « malgré sa défaite, reste le deuxième pôle d’un nouveau système bipartite ». Surgissant dans une Grèce en plein chaos, terrassée par la crise de la dette et la cure d’austérité imposée par ses créanciers, l’UE et le FMI, Alexis Tsipras avait suscité l’espoir, en janvier 2015, mais avait été forcé d’accepter un plan de sauvetage assorti de sévères mesures pour empêcher la sortie de la zone euro.
« Une période douloureuse se referme », a déclaré Kyriakos Mitsotakis dimanche soir devant ses partisans en liesse. Il a juré aux électeurs de « rendre sa fierté » à la Grèce et d’être « à la hauteur de leurs espoirs ». Fils du défunt ancien premier ministre Konstantinos Mitsotakis, ce diplômé de Harvard s’est félicité que le parti néonazi Aube dorée n’ait pas obtenu les 3 % nécessaires au maintien de sa présence au Parlement. « Une grande victoire pour la démocratie en Grèce », a-t-il commenté.
Les dirigeants d’Aube dorée, qui comptait 18 députés dans l’assemblée sortante, comparaissent depuis quatre ans pour meurtre et constitution d’organisation criminelle dans un procès-fleuve. Troisième parti dans le nouveau Parlement, le Kinal, né sur les cendres du Pasok (socialiste), remporte 22 sièges, devant les communistes du KKE (15 sièges), le parti nationaliste Solution grecque (10 sièges) et le parti MeRA25 de l’ancien ministre des finances de Tsipras, Yanis Varoufakis (9 sièges).