Plusieurs tonnes de poissons morts dans la Seine après l’incendie d’une station d’épuration
Plusieurs tonnes de poissons morts dans la Seine après l’incendie d’une station d’épuration
La destruction de la station d’Achères, qui traite 60 % des eaux usées de l’agglomération parisienne, s’est traduite par le déversement de rejets qui ont asphyxié en masse la faune piscicole.
Plusieurs tonnes de poissons morts ont été repêchées dans les eaux de la Seine, en aval de la station d’épuration d’Achères, dans les Yvelines. A l’origine de l’hécatombe, un incendie survenu mercredi 3 juillet sur ce site qui s’est traduit par le déversement dans le fleuve d’eaux chargées de matière organique, provoquant un manque d’oxygène et l’asphyxie des poissons. En plus des 400 kilos ramassés dès vendredi, environ 3 tonnes de poissons morts ont été recueillies par bateau samedi entre Achères et le barrage d’Andrésy, à une dizaine de kilomètres en aval, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) Yann Bourbon, le directeur du site du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap).
Une quantité équivalente devrait être ramassée lundi dans un bras mort du fleuve proche du point de rejet des eaux retraitées, près de l’île d’Herblay, dans le Val-d’Oise, a-t-il ajouté. La zone, une langue d’eau d’environ 500 mètres de long sur cinq de large, était dimanche recouverte de poissons morts, occasionnant d’importantes nuisances olfactives.
Site sensible classé Seveso
« Les conditions météorologiques et hydrologiques n’aident pas », a souligné M. Bourbon. La température de la Seine, de 25 °C, est en effet élevée, et son débit, de 100 m3 par seconde, est faible, ce qui ne favorise pas une bonne réoxygénation de l’eau. Le responsable a toutefois souligné un point positif : « On a retrouvé à Andrésy un niveau d’oxygénation quasiment normal aujourd’hui, les conditions sont donc réunies pour qu’il n’y ait plus de mortalité piscicole. »
Les eaux rejetées sont de nouveau de bonne qualité, sauf pour ce qui concerne le phosphore, qui ne peut toujours pas être traité par l’usine, a précisé M. Bourbon. L’origine du sinistre reste inconnue. Le cœur de la zone incendiée n’était pas accessible dimanche, des fumerolles s’échappant toujours du site, sous le contrôle des équipes incendie du Siaap.
Le feu a pris dans un grand bâtiment de 1 000 m2 qui contenait du chlorure ferrique servant à débarrasser les eaux usées de leur phosphore, embrasant cuves en plastique et toiture en lattes de bois. C’est la troisième fois depuis le début de février 2018 qu’un incendie a lieu dans ce site sensible classé Seveso au niveau « seuil haut » en raison de risques toxiques. Construite en 1940, la station d’épuration de Seine-Aval, qui s’étend sur 250 hectares, est l’une des plus grandes du genre en Europe et traite en temps normal 60 % des eaux usées de l’agglomération parisienne.