Grosse déconvenue pour Netflix, qui ne séduit plus autant d’abonnés
Grosse déconvenue pour Netflix, qui ne séduit plus autant d’abonnés
Le Monde.fr avec AFP
En raison de contenus qui ont peu marché et d’une concurrence accrue, le géant de la vidéo en ligne a enregistré près de deux fois moins d’abonnés qu’attendu entre avril et juin.
Le logo de Netflix sur la façade de son immeuble de bureaux à Hollywood (Los Angeles, Etats-Unis), le 16 juillet 2018. / Lucy Nicholson / REUTERS
Le géant de la vidéo en ligne Netflix a subi un revers inattendu au deuxième trimestre en attirant bien moins de nouveaux abonnés que prévu, juste au moment où la compétition s’intensifie. La sanction a été immédiate à Wall Street où le titre reculait de plus de 12 % dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse, mardi 17 juillet.
Non seulement Netflix n’a enregistré que 2,7 millions de nouveaux abonnements payants entre avril et juin, là où il en attendait 5 millions, mais il en a même perdu aux Etats-Unis. Le groupe, qui compte désormais 151,56 millions de clients, refuse d’imputer cette contre-performance à la concurrence qui, selon lui, n’a « pas beaucoup changé » pendant la période.
Elle est pourtant intense sur le secteur avec les offres d’Amazon, d’Hulu, de la BBC, de YouTube ou de Hotstar en Inde. Et elle devrait encore s’intensifier au cours des prochains mois avec l’arrivée sur le marché de Disney, Apple, WarnerMedia ou encore NBCUniversal. Netflix sait déjà qu’il va perdre des séries phares comme Friends ou The Office, encore visionnées par de nombreux fans.
Des contenus qui n’ont pas séduit
Mais le groupe californien dit y voir un avantage : cela devrait lui permettre de dégager des financements pour créer encore davantage de contenus originaux. Et si on considère que 700 millions de ménages, sans compter la Chine, paient pour des abonnements télé, le gâteau est grand, a souligné Reed Hastings, le patron de Netflix, lors d’une interview retransmise sur Internet. D’autant que les spectateurs « s’abonnent à différents services ».
« Plus on parle de “guerre du streaming”, plus ça attire l’attention et du coup les consommateurs se tournent plus vite de la télé classique à la télé en streaming. »
Pour expliquer le ralentissement du deuxième trimestre, Netflix avance surtout que les nouveaux contenus n’ont pas séduit autant qu’anticipé malgré le succès de quelques pépites comme la série Dead to Me, les documentaires sur la nature et les animaux narrés par le Britannique David Attenborough (Notre planète), ou le film Murder Mystery avec Jennifer Aniston et Adam Sandler.
Il souligne aussi qu’il était difficile de réitérer le succès du début d’année, quand le groupe a attiré 9,6 millions de nouveaux abonnés. Et il reconnaît que la récente hausse des prix des abonnements dans certains pays a pu en refroidir certains.
Lancement de jeux vidéo
« La route va être difficile pour Netflix avec l’arrivée de nouveaux concurrents et le retrait de contenus populaires, mais l’ajout de contenus solides au troisième trimestre devrait permettre de récupérer certains abonnés », estime l’analyste Eric Haggstrom, du cabinet eMarketer.
Netflix espère repartir du bon pied et anticipe au total 7 millions de nouveaux abonnés d’ici fin septembre, dont 800 000 aux Etats-Unis et 6,1 millions dans le reste du monde, grâce notamment au lancement des nouvelles saisons de Stranger Things, Casa de Papel, The Crown ou de la dernière saison d’Orange is the New Black.
La société californienne mise aussi sur le lancement en exclusivité du film du réalisateur multi-oscarisé Martin Scorsese, The Irishman, et du film d’action 6 Undergound réalisé par le spécialiste des blockbusters Michael Bay.
Pour fidéliser les spectateurs autour de ses créations, Netflix parie également sur des partenariats annexes, comme le lancement de nouveaux jeux vidéo basés sur les séries Stranger Things et Dark Crystal, le temps de la résistance. Et pour capter le très vaste marché indien, Netflix va lancer une offre réservée aux appareils mobiles à moins de 4 dollars.
Côté finances, le géant du streaming a vu son bénéfice net trimestriel reculer de 29 %, à 271 millions de dollars. Rapporté par action — la référence en Amérique du Nord —, le bénéfice est ressorti à 60 cents, soit un peu au-dessus des prévisions. A 4,92 milliards de dollars, le chiffre d’affaires est quant à lui légèrement inférieur aux attentes des marchés (4,93 milliards).