Maxime Grousset et sa médaille d’argent du 50 m nage libre des championnats de France, le 21 avril à Rennes. / DAMIEN MEYER / AFP

Il est 14 heures passées, son avion décolle de Paris pour la Corée dans moins d’une heure, où il est attendu pour les Mondiaux de natation (à Gwangju du 21 au 28 juillet), mais Maxime Grousset décroche son téléphone. Un brin timide, mais serein. Pour ses premiers championnats du monde, le benjamin de l’équipe de France, 20 ans, participera aux 50 m papillon et 50 m nage libre.

Né le 24 avril 1999 à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, Maxime Grousset a commencé à nager à l’âge de 5 ans. Pour des raisons pratiques d’abord. « C’est assez dangereux de se baigner là-bas, mes parents ne voulaient pas que je me noie, alors j’ai appris à nager », confie-t-il. Tombé amoureux des bassins, il se met à la compétition dès ses 8 ans.

De la Nouvelle-Calédonie à Amiens

A 16 ans, il quitte son île natale et rejoint le groupe de Michel Chrétien à Amiens. « C’était difficile quand je suis arrivé car chez moi, je ne m’entraînais qu’une seule fois par jour, ici c’est le double, sans compter la musculation et la préparation physique. Michel m’a beaucoup apporté là-dessus, il m’a appris à m’adapter. Mais j’ai pris le temps et peu à peu, je m’y suis fait », raconte-t-il.

Pour Grousset, pas de stress majeur à l’approche d’une grande compétition, ni à l’idée de côtoyer les plus grands. Peut-être parce qu’il en connaît déjà quelques-uns : à Amiens, il nage avec le taulier Jérémy Stravius, champion du monde, ex aequo avec Camille Lacourt, sur 100 m dos à Shanghaï en 2011 (ainsi que champion olympique du relais 4 × 100 m nage libre en 2012 puis vice-champion en 2016). « Avec lui, je me suis dévoilé. C’est super d’avoir été à ses côtés aux entraînements, il est très bon en tout. » Depuis, le capitaine de l’équipe de France a rejoint le groupe de Fabrice Pellerin à Nice.

Avec Stravius et son club, Grousset remporte sa première grande victoire : le relais 4 × 100 m nage libre aux championnats de France en 2017. Il prend aussi l’argent sur le 50 m nage libre en 22 s 62, derrière Clément Mignon. Trois mois plus tard, il devient vice-champion du monde junior de la distance en 22 s 25, la victoire revenant à l’Américain Michael Andrew. Grousset s’impose alors comme le nouvel espoir du sprint français.

Son arrivée à Amiens a débloqué le chronomètre, qui ne cesse de s’emballer depuis. En 2018, Grousset conserve son titre de vice-champion de France sur 50 m nage libre : il rate l’or d’un petit centième – battu par Yonel Govindin – mais établit son nouveau record en 22 s 14. Il double la mise avec le 50 m papillon, en 23 s 64, finissant derrière Mehdy Metella… pour un centième aussi. Le jeune nageur repart aussi avec le bronze sur le 100 m nage libre.

Ces performances lui permettent de décrocher son ticket pour ses premiers championnats d’Europe à Glasgow. Engagé sur le 50 m nage libre, il ne parvient pas à confirmer ses exploits et cède en demi-finales. La déception est grande mais une autre course l’attend : le 4 × 100 nage libre mixte.

Les pieds à Gwangju, la tête à Tokyo

Le matin en série, il réalise un temps canon (48 s 93) et, avec ses partenaires, il qualifie le relais pour la finale. Le soir, Jérémy Stravius, Mehdy Metella, Charlotte Bonnet et Marie Wattel s’installent derrière le plot. Au starter, Grousset s’égosille depuis les tribunes. Les Bleus s’imposent en devançant les Pays-Bas et la Russie. Champion d’Europe pour la première fois, avec les quatre Bleus et la remplaçante Margaux Fabre, Grousset est sur un petit nuage.

A Glasgow, la famille de Maxime Grousset avait fait le déplacement. Ce ne sera pas le cas à Gwangju, mais il pourra compter sur son ami Jérémy Stravius. Dès dimanche, le jeune nageur entrera en lice sur le 50 m papillon. Le 26 juillet, il prendra le départ du 50 m nage libre, où il espère briller.

Une nouvelle fois vice-champion de France de la distance cette année, avec un chrono de 22 s 21, juste derrière Clément Mignon, il sait qu’il faudra aller plus vite en Corée : « Mon objectif est d’atteindre les demi-finales pour faire partie des meilleurs. Il faudra sûrement descendre sous les 22 secondes, ce qui sera un super chrono pour moi. »

Loin d’être effrayé à l’idée de côtoyer des stars internationales comme l’Américain Caleb Dressel, Grousset s’en réjouit : « Je ne me mets pas de pression, j’ai juste envie de nager, de me confronter avec tous ces excellents sportifs. » Il aura aussi, forcément, dans un coin de sa tête les Jeux de Tokyo de 2020. « C’est sûr que les Mondiaux vont me permettre de prendre mes repères pour les Jeux. Mais je vois à court terme d’abord et je me concentre sur mes deux 50 m. » Sereinement, mais sûrement, comme à son habitude.