Manifestation géante à Porto Rico pour demander le départ du gouverneur
Manifestation géante à Porto Rico pour demander le départ du gouverneur
Le Monde.fr avec AFP
Les manifestants réclament la démission de Ricardo Rossello, empêtré depuis neuf jours dans un scandale mêlant propos homophobes et corruption.
Des milliers de personnes défilent sur l’autoroute Las Americas lors d’une manifestation demandant la démission du gouverneur Ricardo Rossello, à San Juan, Porto Rico, le lundi 22 juillet 2019. / Carlos Giusti / AP
Des dizaines de milliers de manifestants ont commencé à manifester, lundi 22 juillet, à San Juan, pour demander le départ du gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello, empêtré dans un scandale mêlant propos homophobes et corruption.
Les protestataires ont bloqué dans la matinée l’autoroute Las Americas, principale artère de la capitale avant le début de ce qui doit être la plus grande manifestation depuis le début de la crise politique, il y a neuf jours. Des milliers de personnes étaient déjà descendues mercredi dans les rues et des incidents avaient éclaté.
Wow. Puerto Rico.You don’t get this perspective from the ground. They are Loud. Determined. United. https://t.co/3JMmbc8NY2
— DavidBegnaud (@David Begnaud)
M. Rossello a annoncé, dimanche soir, qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2020. « J’ai commis des erreurs et j’ai présenté des excuses », a-t-il déclaré dans une vidéo postée sur Facebook.
Mais cela ne suffit pas pour ses opposants, qui réclament sa démission immédiate. « Ça n’est pas suffisant, il doit donner le pouvoir à de nouveaux dirigeants », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) Isham Rodriguez, manifestant de 36 ans. « Le gouverneur a marché sur les droits de notre pays », a-t-il expliqué, en tapant sur une casserole.
Propos misogynes et homophobes
L’île caribéenne, territoire américain qui peine à se relever du passage de l’ouragan Maria en 2017, qui a fait 3 000 morts et détruit ses infrastructures, est secouée par les révélations du Centre de journalisme d’investigation sur le contenu de conversations entre le gouverneur et de hauts responsables locaux sur la messagerie Telegram. Selon des extraits publiés par le journal El Nuevo Dia, ces hommes y échangent blagues misogynes et commentaires homophobes, notamment visant Ricky Martin.
Les protestataires manifestent également leur colère après la mise en cause de personnalités de l’entourage du gouverneur pour corruption. Ils lui reprochent aussi sa gestion des conséquences de l’ouragan Maria.
Ricky Martin et d’autres personnalités portoricaines comme le rappeur Bad Bunny ont sévèrement critiqué Ricardo Rossello et ont promis de participer au rassemblement. « Ricardo Rossello, tu n’es pas seulement cynique, tu es aussi machiavélique », a écrit Ricky Martin sur les réseaux sociaux.
Pour René Perez, alias le rappeur Residente du groupe Calle 13, le message de M. Rossello est « un manque de respect pour le peuple de Porto Rico ». « Ce n’est pas seulement les commentaires et les injures (…), c’est à cause de toute la corruption qui est derrière toi, de tout ce que tu as fait. (…) Des gens sont morts à cause de ta putain de culpabilité, parce que tu as échoué à bien organiser les choses », a-t-il affirmé sur Instagram.
Bad Bunny a interrompu sa tournée en Europe pour participer au mouvement de contestation. « Tu ne vas pas partir ? Nous non plus ! Il faut respecter Porto Rico ! Charlatan ! », a-t-il tweeté.
D’autres célébrités de l’île, comme le dramaturge Lin-Manuel Miranda, la mannequin Zuleyka Rivera, l’acteur Benicio Del Toro et les chanteurs Marc Anthony, Gilberto Santa Rosa, La India, Olga Tanon ainsi que le duo de Despacito, Daddy Yankee et Luis Fonsi, ont marqué leur solidarité avec les manifestants.
Dirigeants « corrompus »
Le président américain, Donald Trump, dont les relations sont très tendues avec M. Rossello, s’est invité dans l’affaire jeudi en dénonçant un gouverneur « assiégé » et des dirigeants portoricains « corrompus ».
Quelques jours avant le déclenchement de la crise, la justice portoricaine avait ordonné l’arrestation de six responsables accusés d’avoir détourné quinze millions de dollars de fonds fédéraux destinés à la reconstruction après l’ouragan Maria.
Mais avant même ce passage destructeur, l’île était plongée dans une grave crise financière qui a précipité sa banqueroute en mai 2017. Les coupes budgétaires, notamment la fermeture des écoles, puis l’ouragan ont entraîné un exode vers les Etats-Unis. Porto Rico a perdu 4 % de sa population de 3,2 millions d’habitants.