Appel à la vigilance après une nouvelle série de dégradations de permanences de députés LRM
Appel à la vigilance après une nouvelle série de dégradations de permanences de députés LRM
Le Monde.fr avec AFP
Une dizaine de permanences ont été prises pour cible ces derniers jours, notamment en lien avec la ratification du controversé traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada.
Les politiques ont dénoncé, en début de semaine, une nouvelle série de dégradations de permanences de députés LRM, parfois emmurées ou taguées après la ratification du CETA, voire saccagées, comme à Perpignan en marge d’une manifestation de « gilets jaunes ».
Face à ces violences, le ministère de l’intérieur a demandé une vigilance particulière ce week-end pour les domiciles et permanences des parlementaires. La direction centrale de la sécurité publique a envoyé, lundi, des « consignes de vigilance », demandant des patrouilles mobiles autour des permanences, quelles que soient les couleurs politiques, a indiqué une source policière à l’Agence France-Presse.
Vote controversé du CETA
Cibles d’insultes ou de violences au plus fort de la crise des « gilets jaunes » cet hiver, les parlementaires sont de nouveau visés : en particulier les députés LRM ayant voté le 23 juillet en faveur de la ratification du traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada (CETA), controversé au sein même de la majorité.
Plusieurs députés sont nommément visés sur Twitter pour avoir voté pour le CETA « contre l’avis majoritaire des Français, au détriment de l’environnement, des générations futures », selon un texte partagé sous les hashtags #AfficheTonLRM et #DéputésDeLaHonte. D’après un sondage OpinionWay publié lundi, 49 % des Français sont opposés au CETA, contre 26 % qui y sont favorables.
Une dizaine de permanences ont été prises pour cible, dont celles de Rémy Rebeyrotte (Saône-et-Loire) dès le lendemain du scrutin avec du fumier, de Jean-Baptiste Moreau à Guéret (Creuse) ou encore Barbara Bessot-Ballot à Vesoul (Haute-Saône).
Dernière en date : la permanence de la députée LRM Carole Bureau-Bonnard à Noyon (Oise). Une enquête pour dégradations a été ouverte, a indiqué la gendarmerie. « Je ne pourrai jamais me résoudre à cette violence à l’encontre de la démocratie. Ma porte a toujours été ouverte. Ma détermination à travailler au service de mes concitoyens reste plus que jamais intacte et ma volonté de résister à toute forme de menace, entière ! », a tweeté la parlementaire, qui a voté pour le CETA.
Ma permanence a été dégradée. Je ne pourrai jms me résoudre à cette violence à l’encontre de la Démocratie. Ma port… https://t.co/WYiKlw2sW7
— CaroleBBonnard (@Carole BureauBonnard)
« Climat malsain »
L’attaque la plus spectaculaire a toutefois été menée sans lien apparent avec le traité, contre la permanence du député LRM Romain Grau, samedi à Perpignan, à l’occasion d’une marche des « gilets jaunes ». Des images montrent des manifestants cassant la vitrine du local, l’un d’eux tentant d’y mettre le feu en présence de l’élu.
Le parti présidentiel, en première ligne depuis vendredi, a de nouveau dénoncé, lundi, un « climat malsain et nauséabond » par la voix de la porte-parole de LRM, Aurore Bergé.
« On a presque une dizaine de parlementaires qui ont vu leur permanence être murée, taguée, vandalisée, saccagée et on a vu une cohorte de sites Internet, de blogs, de réseaux sociaux qui ont désigné un certain nombre de parlementaires en disant clairement qu’il fallait aller les pourchasser », a déploré la députée des Yvelines sur BFM-TV. « Si on veut contraindre les députés par la force (…), alors ce n’est plus du tout une conception démocratique », a-t-elle affirmé, admettant qu’il lui « arrive d’avoir peur ».
« Aucune intimidation envers un élu de la nation ne restera impunie, même sur les réseaux sociaux. Ces actes sont intolérables. De même nous signalerons toutes les incitations à la haine et à la violence au procureur de la République », a condamné, sur Twitter, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner.
« Colère sociale »
Les Jeunes Agriculteurs de Saint-Just - Maignelay (Oise) ont publié sur leur page Facebook une photo de la permanence dégradée de Carole Bureau-Bonnard, accompagnée d’un message :
« Vous avez décidé de sacrifier l’agriculture française et l’écologie au nom du profit ! (…) Que voulez-vous voir dans le futur ? (…) Mettre la ferme France sur la paille et supprimer tous les emplois qu’elle génère ? »
« Je ne confonds pas la colère sociale (…) avec les violences de quelques-uns » qui doivent être « réprimées », a réagi sur RTL Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics, en écho au message, dimanche, du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.
Les autres partis ont également soutenu les parlementaires, comme EELV, dont le secrétaire national, David Cormand, a condamné ces actes sur Franceinfo, de même que le sénateur PS Rachid Temal. « Il est clair que toute attaque portée contre un homme politique, quel que soit son parti, quelles que soient ses idées, est une atteinte à la circulation démocratique », a abondé l’eurodéputé du Rassemblement national Gilbert Collard sur LCI. Le député Eric Ciotti (LR) a qualifié d’acte « criminel » qui « ne peut rester impuni » l’attaque contre la permanence de Romain Grau.
Le député LFI Alexis Corbière, tout en condamnant les violences, a estimé mardi que les agriculteurs qui dégradent des permanences de députés LREM « ne sont pas des délinquants » et qu’il faut « entendre » leur colère. « Si vous brutalisez le peuple, vous avez des réactions de dégoût civique qui sont le fait de gens qui ne vont plus voter, et même d’une minorité qui pense que, comme le système est bloqué, il n’y a plus que la violence comme solution, ce que je désapprouve, je condamne la violence », a-t-il ajouté.
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