Un corps repêché dans la Loire, plus d’un mois après la disparition de Steve Maia Caniço
Un corps repêché dans la Loire, plus d’un mois après la disparition de Steve Maia Caniço
Par Le Monde.fr (avec Yan Gauchard)
« Il est hautement probable que le corps retrouvé soit celui de Steve », estime Cécile de Oliveira, avocate de sa famille, qui s’est constituée partie civile.
A Nantes, le 29 juillet. / LOIC VENANCE / AFP
Lundi 29 juillet, peu après 17 h 30, le corps d’un homme a été repéré dans un bras de la Loire, appelé « bras de la Madeleine », à hauteur de la grue Titan jaune, l’un des emblèmes de la ville de Nantes. Inévitablement, le nom de Steve Maia Caniço, porté disparu depuis une charge policière au bord de la Loire, dans la nuit du 21 au 22 juin, le soir de la Fête de la musique, est sur toutes les lèvres.
Au vu des premières constatations effectuées par le médecin légiste, le corps a séjourné « un long moment dans l’eau », précise une source proche du dossier. Des colliers correspondant à ceux que Steve portait ont été reconnus par la famille. « Il est hautement probable que le corps retrouvé soit celui de Steve », estime Cécile de Oliveira, avocate de sa famille, qui s’est constituée partie civile. Mais « l’identification définitive du corps ne sera possible qu’après les opérations médico-légales », précisait dans la soirée Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes. Les premiers résultats de ces examens sont attendus mardi.
Cinq procédures
La disparition du jeune homme, un animateur périscolaire de 24 ans présent sur une scène techno installée sur le bord du fleuve, avait coïncidé avec une intervention des forces de l’ordre la nuit de la Fête de la musique, qui avait été vivement critiquée.
Dans cette affaire, cinq procédures sont menées en parallèle :
- la disparition de Steve Maia Caniço fait d’abord l’objet d’une information judiciaire pour disparition inquiétante, pilotée par un juge d’instruction ;
- le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est également autosaisi pour enquêter sur cette soirée ;
- l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), saisie par le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, est chargée d’une enquête administrative destinée à établir les circonstances précises de l’intervention policière ;
- une enquête de la police judiciaire a également débuté à la suite de « dix plaintes de policiers qui ont été blessés lors des événements de la Fête de la musique », selon Pierre Sennès, procureur de la République à Nantes ;
- enfin, une plainte collective de 89 participants a été déposée le 3 juillet pour « mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique », confiée à l’IGPN.
Le soir du 21 juin, une dizaine de sound systems (des murs d’enceintes diffusant de la musique) avaient été installés quai Wilson, le long de la Loire, avec une tolérance des autorités jusqu’à 4 heures du matin. Mais, à l’heure dite, alors que la plupart des installations coupent le son, la dernière, située au bout du quai, un endroit sans parapet, décide de jouer les prolongations.
Une vingtaine de fonctionnaires de la compagnie départementale d’intervention (CDI) et de la brigade anticriminalité (BAC) sont dépêchés pour mettre fin aux festivités. La musique est arrêtée une première fois. Mais sitôt les forces de l’ordre parties, les organisateurs remettent le son. Les policiers rebroussent chemin en direction de la fête et, selon Johann Mougenot, directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique, ils sont alors victimes de nombreux jets de bouteilles et projectiles en tous genres.
Les policiers pris à partie répliquent par une trentaine de tirs de grenades lacrymogènes et de grenades de désencerclement. Ils font également usage de lanceurs de balles de défense (LBD), ainsi que de Taser. L’opération, qui dure une vingtaine de minutes, provoque un mouvement de panique ; des personnes tombent à l’eau.
A la vue des personnes dans l’eau, les policiers contactent les secours. Selon la préfecture, sept personnes ont été repêchées par les pompiers, quatre par une association de sauvetage mandatée par la ville de Nantes pour la soirée et trois autres ont regagné la terre ferme par leurs propres moyens. Tous les fonctionnaires contactés s’accordent sur le fait qu’à aucun moment ils n’ont eu connaissance d’une personne disparue.
Signalement d’emblée
L’hypothèse d’une noyade a pourtant traversé les rangs des sauveteurs dès les premières heures, selon les témoignages recueillis par Le Monde. « D’emblée, on a reçu le signalement d’une personne ayant coulé », raconte un homme qui était au cœur du dispositif d’intervention.
Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, s’était rendu à cette soirée avec sa bande d’amis. « Vers 3 heures du matin, il a envoyé un message disant qu’il était très fatigué et il donnait l’endroit où il comptait attendre le groupe de potes avec qui il devait rentrer », confie Anaïs, 24 ans, une amie.
Le téléphone du disparu est ensuite resté éteint et le jeune homme ne s’était pas présenté à son travail, une école de Treillières, à quarante minutes de Nantes. Ses proches ont précisé que le jeune homme ne savait pas nager.
Lundi 24 juin, la police diffusait un appel à témoins demandant de l’aide pour retrouver le jeune homme de 1,72 m, qui portait ce soir-là un pull avec un drapeau américain.