En visite auprès de blessés de la fusillade de Dayton, Trump accueilli par des manifestants
En visite auprès de blessés de la fusillade de Dayton, Trump accueilli par des manifestants
Le Monde.fr avec AFP
Le président des Etats-Unis doit ensuite se rendre à El Paso, frappée, quelques heures avant la ville de l’Ohio, par l’attaque d’un terroriste suprémaciste blanc.
Même au moment le plus sombre, il n’aura pas su rassembler ses concitoyens. C’est par des manifestations que le président des Etats-Unis, Donald Trump, a été accueilli mercredi 7 août à Dayton, la ville de l’Ohio où neuf personnes ont été tuées à l’arme à feu dans la nuit de samedi à dimanche. Il doit se rendre ensuite à El Paso, au Texas, où 22 personnes ont été abattues dimanche par un suprémaciste blanc et où sa venue suscite autant de scepticisme, voire d’hostilité.
Arrivé en fin de matinée avec son épouse, Melania, il s’est immédiatement rendu dans un hôpital où sont soignées certaines des victimes. Des centaines de manifestants étaient réunies non loin de l’établissement avec le ballon « Baby Trump », un personnage gonflable représentant un bébé colérique à l’effigie du président, utilisé dans de nombreuses manifestations à travers le monde.
Rhétorique de l’invasion
Ils ont brandi des panneaux exhortant le milliardaire républicain à s’opposer à la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby qui bloque toute tentative de contrôler le marché des armes à feu et d’interdire les fusils d’assaut. Avant de quitter la Maison Blanche, M. Trump a affirmé qu’il y avait peu d’appétit politique à Washington pour interdire ce type d’armes, utilisées lors de plusieurs des bains de sang qui ont marqué les Etats-Unis ces derniers mois, dont les tueries de Dayton et d’El Paso.
Le président américain s’est en revanche dit favorable à une évolution législative pour empêcher les personnes ayant des problèmes psychiatriques de posséder une arme à feu. L’ancien magnat de l’immobilier a également réaffirmé que les récentes tueries n’avaient rien à voir avec lui et que ceux qui l’accusaient d’attiser la haine raciale aux Etats-Unis cherchaient à « tirer un profit politique ».
Depuis que deux jeunes tireurs ont, à moins de treize heures d’intervalle, fait 31 victimes à travers le pays, sa partition paraît difficile à jouer. On attend en effet du chef d’Etat qu’il apaise les tensions et réconforte une nation traumatisée par ces énièmes tragédies. Mais le milliardaire conservateur, qui s’est fait élire en traitant les Mexicains de violeurs et évoque régulièrement une invasion des Etats-Unis par les migrants d’Amérique centrale, est pointé du doigt.
Notamment parce que le terme d’invasion, utilisé par l’extrême droite à travers le monde, a été repris par le jeune auteur de la tuerie d’El Paso dans un manifeste mis en ligne avant son passage à l’acte. Le favori de la primaire démocrate Joe Biden va dénoncer dans l’après-midi le langage « toxique » du président, qu’il accuse d’avoir attisé « les flammes de la suprématie blanche », dans un discours dont les extraits ont déjà été rendus publics.
« Condoléances »
A El Paso, à l’appel de l’organisation de défense des migrants Border Network for Human Rights, Rachel Curtis a prévu de brandir une pancarte hostile au président près de la frontière avec le Mexique. Le maire républicain d’El Paso, Dee Margo, a de son côté laissé entendre qu’il n’avait pas vraiment eu le choix et a souligné qu’accueillir le président relevait de ses devoirs. La conseillère du président Kellyanne Conway a déclaré qu’il se rendait dans les deux villes pour « transmettre les condoléances d’une nation meurtrie et outrée », « remercier les premiers secours pour leur héroïsme » et « rencontrer les victimes ».
« Il fait ce que les présidents font » en cas de tragédie : « Aller sur le terrain », a-t-elle ajouté, en assurant qu’il gardait « un profil bas » pour permettre au pays de « panser ses plaies ». A Pittsburgh en octobre, quelques jours après la pire attaque antisémite de l’histoire récente des Etats-Unis dans une synagogue – 11 personnes sont mortes – plus de 1 500 personnes de tous âges et de toutes confessions avaient appelé le président à renoncer à ses diatribes incendiaires lors d’une manifestation inédite dans un contexte aussi tragique. « Les mensonges de Trump tuent ! » ; « Les mots comptent ! », avaient notamment scandé les manifestants.
NRA : pourquoi le lobby des armes est devenu si puissant aux Etats-Unis
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