L’élue démocrate américaine Rashida Tlaib dans son fief du Michigan, à Wixom, le 15 août. / Paul Sancya / AP

Israël a fait marche arrière. Après avoir interdit jeudi l’entrée sur le territoire israélien de l’élue démocrate Rashida Tlaib, l’Etat hébreu a finalement expliqué vendredi 16 août que celle-ci pourrait venir pour motif « humanitaire ».

Le ministre de l’intérieur israélien, Arié Dery, a décidé d’autoriser l’entrée de Mme Tlaib « pour une visite humanitaire à sa grand-mère ». Selon lui, la représentante du Michigan d’origine palestinienne a par ailleurs « promis de ne pas faire avancer la cause du boycott contre Israël durant son séjour ».

La veille, le même ministre avait annoncé que Mme Tlaib ainsi que Mme Omar, elle aussi élue démocrate américaine de la Chambre des représentants, ne pourraient pas se rendre à Tel-Aviv, où elles devaient atterrir afin de visiter les territoires palestiniens ce week-end. « Ces élues utilisent la scène internationale pour apporter leur soutien aux associations BDS qui appellent au boycott d’Israël », avait justifié M. Dery, appuyant sa décision sur la base d’une loi israélienne permettant d’interdire l’entrée sur le sol israélien aux partisans du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions).

Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, Rashida Tlaib a écrit aux autorités israéliennes pour leur demander de pouvoir visiter sa famille, et plus particulièrement sa grand-mère, qui vit dans le village de Beit Ur Al-Fauqa, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée. « Il pourrait s’agir de ma dernière chance de pouvoir lui rendre visite », a fait valoir l’élue américaine dans sa lettre adressée au ministre de l’intérieur israélien. « Je m’engage à respecter toutes les restrictions et à ne pas faire la promotion du boycott d’Israël durant ma visite », poursuit le court texte en anglais.

Adversaires de Trump

Le gouvernement israélien combat farouchement tout ce qui ressemble à une entreprise de boycott, qu’il assimile à une menace stratégique et qu’il dénonce comme une remise en cause de la légitimité d’Israël, accusant le BDS d’antisémitisme, ce que le mouvement dément.

Ilhan Omar et Rashida Tlaib, membres de l’aile gauche du Parti démocrate à la Chambre des représentants, ont publiquement appuyé le mouvement BDS et dénoncé la politique israélienne face aux Palestiniens. Elles ont été accusées d’antisémitisme, ce qu’elles réfutent. Par ailleurs, elles sont toutes les deux des adversaires politiques acharnées du président américain républicain, Donald Trump, qui entretient les meilleurs rapports avec Benyamin Nétanyahou.

C’est d’ailleurs le chef d’Etat américain qui avait encouragé jeudi l’Etat hébreu à interdire l’entrée de son territoire à ses deux opposantes, assurant qu’elles « détestent Israël et tous les juifs » et qu’« il n’y a rien qui puisse être dit ou fait pour les faire changer d’avis ». En les laissant accéder à son territoire, Israël ferait preuve d’une « grande faiblesse », avait-il estimé.