Bruno Le Maire : « Notre pays est en train de devenir pauvre »
Bruno Le Maire : « Notre pays est en train de devenir pauvre »
Club de l’économie. Bruno Le Maire, candidat à la primaire de la droite et du centre, et Philippe Wahl, PDG de La Poste, étaient les invités, mardi 19 avril, du Club de l’économie - « Le Monde ».
Bruno Le Maire, entre Thomas Wieder (à gauche) et Vincent Giret (à droite). | Jean-Luc Luyssen
Bruno Le Maire, député de l’Eure (LR), candidat à la primaire de la droite et du centre, et Philippe Wahl, PDG du Groupe La Poste, étaient les invités, mardi 19 avril, du Club de l’économie - « Le Monde », pour le rendez-vous mensuel de débats et d’échanges sur les grandes mutations économiques organisé au Monde. Thématique annoncée : « Changer tout ? ».
Bruno Le Maire, qui constate que la France « est en train de devenir pauvre », comptabilise « trois facteurs de blocage qu’il faut lever. Le premier, c’est la classe politique elle-même ». Aussi préconise-t-il le « non-cumul des fonctions, non-cumul dans le temps en limitant à trois le nombre de mandats du député ou du sénateur », l’« obligation de démission de la haute fonction publique pour les énarques qui font de la politique » et la « réduction des députés et des sénateurs ».
Il explique ensuite qu’il ne négociera pas avec les syndicats et qu’il abrogera « la loi de 2007 qui fait obligation au gouvernement, avant toute décision relative au marché du travail, de négocier avec les syndicats ».
Enfin, « l’administration constitue le troisième blocage. Il faut changer une trentaine de directeurs d’administration centrale dès votre arrivée au pouvoir, pour avoir l’assurance qu’ils mettront en place la politique pour laquelle vous avez été élu par les Français », assure-t-il.
Bruno Le Maire veut « que notre pays soit l’un des plus attractifs au monde en matière fiscale, pour que les investissements se portent davantage vers la France. Donc la grande décision fiscale que je prendrai, c’est de réduire l’impôt sur le capital, que je fixerai à 25 %, au lieu de 60 % aujourd’hui ». Il s’oppose à Nicolas Sarkozy sur la réduction de l’impôt sur le revenu qu’il ne souhaite pas.
Philippe Wahl, PDG de La Poste (à droite) en compagnie de Philippe Escande. | Jean-Luc Luyssen
Changement aussi du côté de La Poste… qui a annoncé, fin février 2016, un bénéfice en hausse en 2015, paradoxalement stimulé par une hausse historique des prix des timbres alors que la fréquentation des bureaux de poste a encore baissé, et porté par l’e-commerce. La Poste est, en ce qui concerne le transport de colis, « numéro 1 en France, mais aussi le numéro 1 en Pologne, le numéro 2 au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne ».. « Entre 2008 et 2015, les volumes du courrier ont diminué de 30 % et les effectifs de 23 %. C’est considérable et cela va continuer », rappelle M. Wahl. Le groupe s’adapte. Ainsi, « les nouvelles activités montent et doivent remplacer au fur et à mesure, sur dix ans, les activités déclinantes du courrier ».
Classique : La Poste est « en train de devenir le premier acteur du transport routier de colis en Europe, devant Deutsche Post et DHL »…
Changement, pour ne pas parler de révolution: La Poste va s’investir dans « la veille et la visite aux personnes âgées. C’est un enjeu considérable. La Poste sera l’un des facteurs clés du maintien heureux à domicile. Un marché d’autant plus solvable que les seniors votent massivement… Nous allons lancer en octobre un nouveau service qui s’appelle « Veillez sur mes parents ». Vous vous abonnez à La Poste et le facteur passe deux, quatre ou six fois par semaine pour visiter statistiquement votre maman ou votre papa. Le deuxième domaine, ce sont les services à domicile et les livraisons. Et enfin le recyclage. Nous pouvons faire le tour des millions d’entrepreneurs pour récolter des papiers usés, etc. »
A lire sur le sujet :
– Bruno Le Maire : « Mon objectif n’est pas d’infliger une purge aux Français », propos recueillis par Thomas Wieder et Vincent Giret. Club de l’économie. Le député de l’Eure se démarque de François Fillon comme de Nicolas Sarkozy, et rejette toute « surenchère libérale ».
– Philippe Wahl : « La Poste est la plus grande entreprise de proximité de France », propos recueillis par Vincent Giret et Philippe Escande. Le PDG du groupe public depuis 2013 affiche ses ambitions en matière de livraisons et de services à domicile, d’aide à la personne et de recyclage, alors que les volumes de courrier ne cessent de diminuer.