« Money Monster » : le retournement d’un bonimenteur
« Money Monster » : le retournement d’un bonimenteur
Par Mathieu Macheret
Pour son quatrième film en tant que réalisatrice, Jodie Foster ressuscite une figure bien connue du cinéma américain, le bateleur de foire.
Pour son dernier film en tant que réalisatrice (présenté au Festival de Cannes hors compétition), Jodie Foster ressuscite une figure bien connue du cinéma américain, celle du bateleur de foire, doté d’un bagout assez volubile pour refourguer sa camelote aux assemblées trop crédules. A ceci près que de nos jours, la foire, c’est la télévision, et le bonimenteur, Lee Gates (George Clooney), le présentateur star d’une émission de conseils en investissements boursiers (le « stock-picking »), secondé en régie par son impeccable productrice Patty Fenn (Julia Roberts).
Showman outrancier, Gates fait l’article, sans trop y regarder, pour les valeurs les plus rutilantes du marché, jusqu’au jour où un petit actionnaire (Jack O’Connell), ruiné pour l’avoir aveuglément suivi, débarque armé sur le plateau et prend l’émission en otage. Lee et Patty gardent l’antenne, afin d’élucider ce qui se trame sous la récente dégringolade en bourse d’actions suspectes, ayant causé l’évanouissement de 800 millions de dollars.
Banal film à suspense
Il y avait au moins une excellente piste, dans le scénario de Money Monster : celle de raconter le réveil de journalistes dévoyés dans le divertissement-poubelle, soudainement contraints, par l’irruption du réel dans leur tour d’ivoire, de produire un vrai travail d’investigation (se rendre sur le terrain, remonter le fil de l’information, poser les questions qui fâchent aux puissants). Malheureusement, Jodie Foster, détournée par la fausse bonne idée d’un récit calé sur le direct de l’émission, monte en épingle un banal film à suspense (avec bombe et détonateur), essoré jusqu’à la corde et dont les aboutissants se révèlent très vite au spectateur un tant soit peu attentif.
Si le propos est de dénoncer les dérives des marchés internationaux, la mise en scène, d’un classicisme trop lisse, ne se prive pas de surfer sur l’emballement des flux financiers et la circulation des régimes d’images (cinéma, télévision, graphiques 3D, etc.), sacrifiant tout à l’efficacité. Reste le trop rare Dominic West (la série « The Wire », « Sur écoute »), plutôt convainquant dans le rôle du vilain patron.
Money Monster - Bande-annonce VF
Durée : 02:31
Film américain de Jodie Foster avec George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell, Dominic West (1 h 40). Sortie en salles jeudi 12 mai. Sur le Web : www.sonypictures.com/movies/moneymonster et www.facebook.com/MoneyMonster